Contextes - Penser l'ancien droit public - 187

Anne Rousselet- Pimont
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cause alors même que le rôle exclusif des parlements dans la défense des droits
de la nation contre le despotisme ministériel est contesté. À son correspondant
londonien qui lui recommande d'éviter l'emploi du terme « parlementaire »
comme « équivoque »157
, le marquis anonyme répond qu'il y consent volontiers
car « ce nom [lui] déplaisoit » tant il « peine à vaincre [son] anthipathie contre
les magistrats » et accepte celui de « citoyen », que lui propose son interlocuteur,
pour désigner désormais « ceux qui défendent la bonne cause » contre les royalistes158
du
champ de l'appellation à la seule figure des magistrats souverains, mais elle
n'en confirme pas moins que c'est encore un sens large qui prévalait jusque- là159
Au regard de cette pratique qui caractérise le xviie
.
et la plupart du xviiie
siècle,
le concept contemporain de « parlementaire » est donc trop étroit ; on peut aussi
le considérer comme trop large. En effet, si l'on se situe au sein du monde
judiciaire, le « parlementaire » ne désigne, parmi les magistrats, que ceux qui
choisissent le parti de la contestation ouverte. Tous les gens des parlements ne
qu'il donna M. Turgot au Roi et que tous deux rendirent, sans qu'il s'en doutât, le Roi économiste,
parlementaire, d'abord, jusqu'à la rupture de ces deux partis. »
157. En P.S. de sa lettre, l'auteur écrit : « M. le Marquis, tâchez donc de designer ceux qui
désapprouvent les opérations de vos Ministres d'une manière moins équivoque ; en les appelant parlementaires,
vous nous feriez croire que la cause qu'ils défendent aujourd'hui est celle des Parlements ;
il me semble que c'est la cause de la Patrie : la Nation est intéressée à la défendre. Je ne peux envisager
les Parlements que comme des accessoires, et le soin que prennent vos Ministres de faire tous les
jours répandre quelques écrits contre les Magistrats, me prouveroit combien ils desirent détourner
l'attention publique du véritable point de la question. [...] Je n'ai aucune raison d'aimer ou de haïr
les Magistrats ; mais ils sont persécutés pour avoir défendu la cause de la Patrie ; j'oublie leurs fautes
ou leurs erreurs et jusqu'à ce que les États Généraux soient assemblés et aient créé un Corps vraiment
constitutionnel, je regarderai les Parlements comme les seuls Corps intermédiaires et je demanderai
à vos Ministres si le Roi, de sa propre autorité, peut leur ôter les pouvoirs que la Nation assemblée
leur a donnés. Vous voyez, M. le Marquis, que je ne suis pas Parlementaire ; vous ne pouvez pas me
ranger non plus dans la classe de ceux qui approuvent entièrement les nouveaux plans : trouvez- moi
donc un nom à mettre en opposition avec celui de Royaliste ; je vous proposerois bien celui de Patriote ;
mais il est écrasé en Hollande [...] il ne seroit pas d'un heureux augure ; d'ailleurs il est déjà prostitué
en France. Un certain homme qui a fait des questions bien insidieuses, s'est nommé bon Patriote :
que ne donnez- vous simplement le titre de Citoyens à ceux qui, véritablement attachés à leur Patrie,
défendent la bonne cause : ce titre étoit honorable chez les Romains, pourquoi ne seriez- vous pas
flattés de le porter ? », Lettres de M. le Marquis de *** à un Français retiré à Londres, Amsterdam, s.n.,
1788, Lettre du 18 juin 1788, p. 34-36.
158. « J'y consens, Monsieur, il ne sera plus question entre nous des Parlementaires ; ce nom me
déplaisoit et je vous avouerai ma foiblesse, je serois devenu Royaliste plutôt que de me déclarer
le champion des Parlements. Que voulez- vous ? J'ai peine à vaincre mon anthipathie contre les
Magistrats », ibid., Lettre du 27 juin 1788, p. 37-38.
159. Les continuateurs de Bachaumont n'hésitent pas encore à qualifier de « parlementaire » un
militaire jugé par le gouvernement monarchique trop proche des membres du parlement de Grenoble,
Mémoires secrets..., op. cit., t. 15, p. 130 (avril 1780) ou à associer « grand parlementaire et excellent
patriote », t. 24, p. 92 (24 décembre 1783).
. Ce témoignage tardif permet certes de voir une tendance à la restriction

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