Contextes - Penser l'ancien droit public - 188

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Les « gens du parlement » sont- ils des parlementaires ?
sont alors pas des « parlementaires », puisqu'il est aujourd'hui démontré qu'au
sein des cours souveraines, seule une « minorité agissante » prenait réellement
parti dans les débats politiques160
pas des factieux161
ou des jansénistes militants162
. Tous les officiers des parlements n'étaient
. Le président Hénault prend
d'ailleurs bien soin de distinguer, au sein du parlement de Paris, « les hommes
sages de cette compagnie » des « esprits les plus échauffés », qu'il qualifie aussi
de « parlementaires les plus vifs », à qui le roi au retour de Pontoise aurait eu
la faiblesse céder163
évolution sémantique plus favorable au xviiie siècle165
. Le mot de « parti » a beau connaître une
, les hommes de robe
. Écoutons aussi Malesberbes distinguer la magistrature du
parti parlementaire. Le premier président de la Cour des aides assume son
engagement pour « la cause de la Magistrature », mais se défend immédiatement
d'être un « parlementaire »164
se méfient encore de cette étiquette partisane et entendent la circonscrire à
quelques opposants notoires.
Si le « parlementaire », tel qu'il est défini aujourd'hui, ne cadre donc pas avec
les perspectives anciennes, tout juste rectifiées à la fin de la période, on peut
aussi affirmer que l'ambivalence du terme, née de son usage actuel confronté à
la réalité des sources, s'accorde mal avec les enjeux historiographiques contemporains.
Certes, la notion permet d'isoler l'individu au sein de la compagnie
160. B. Garnot, Histoire des juges en France..., op. cit., p. 121 ; F. Hildesheimer et M. MorgatBonnet,
Le parlement de Paris..., op. cit., p. 572. V. aussi Les parlements de Louis XIV..., op. cit. et
notamment la conclusion d'O. Chaline qui rappelle les soutiens internes dont peut disposer le roi
dans ses parlements (p. 308).
161. L'attitude de certains magistrats lors de la constitution du parlement Maupeou révèle ces
clivages au sein du monde de la robe, v. J. Félix, Les magistrats du parlement de Paris..., op. cit. ,
p. 48-51.
162. F. Hildesheimer, M. Morgat- Bonnet, Le parlement de Paris..., op. cit., notamment
p. 569-573 ; O. Chaline, « Des parlementaires jansénistes », Les parlements de Louis XIV..., op cit.,
p. 277-292. V. aussi M. Cottret, Jansénismes et Lumières. Pour un autre xviiie
1998 et du même, Histoire du jansénisme : xviie
siècle, Paris, A. Michel,
- xixe siècle, Paris, Perrin, 2016.
163. Mémoires du président Hénault, nouvelle édition par F. Rousseau, Genève, Slatkine Reprints,
1971 [Paris, Hachette, 1911], p. 213-214.
164. « Je suis connu de bien des gens pour n'être pas parlementaire », précise- t-il en 1774. « Il s'en
fallait cependant de beaucoup que je ne fusse parlementaire », ajoute- t-il deux ans plus tard. Ces
extraits sont tirés de deux lettres, l'une adressée à Turgot durant l'été 1774 alors que le ministre
de Louis XVI lui propose le poste de garde des Sceaux et l'autre écrite au baron de Breteuil le
27 juillet 1776, citées par E. Badinter, Les " Remontrances " de Malesherbes. 1771-1775, Paris,
Tallandier, 2008 [1re
édition, 1978], p. 92-93.
165. Il tend en effet à se distinguer de la faction comme le souligne, après Montesquieu et certains
publicistes anglo- saxons comme David Hume, Voltaire dans son Dictionnaire philosophique : « La
principale acception de ce terme [faction] signifie un parti séditieux dans un État. Le terme de
parti lui- même n'a rien d'odieux, celui de faction l'est toujours », cité par É. Tillet, La constitution
anglaise..., op. cit., p. 347.
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