Contextes - Penser l'ancien droit public - 210

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L'impôt, l'État, la souveraineté
Dans la lignée d'André Leguai, d'autres historiens, même encore récemment,
ont utilisé le mot « État » pour qualifier les entités princières qui se sont développées
et considérablement renforcées au royaume de France ou autour aux
xive
et xve siècles : ainsi de l'« État breton »17
angevin »19, de l'« État bourguignon »20
.
, de l'« État savoyard »18
, de l'« État
, même si, pour ces deux derniers espaces,
la dénomination ne fait pas l'unanimité, tant s'en faut, et donne lieu à d'intéressantes
discussions21
Toutes ces définitions demeurent néanmoins peu conceptuelles, et finalement
très génériques. La question de la souveraineté est clairement écartée
par ces auteurs, qui n'en font pas la clé de voûte de la définition. Du coup,
la dimension juridique de l'État est peu mise en avant. Il en est de même
avec les historiens modernistes français. Sur les questions de l'État, ceux- ci
restaient dans les années 1970 et 1980 dans une approche très institutionnelle,
même si la lecture de Roland Mousnier insistait sur la société d'ordres qui
en était constitutive. Les travaux d'alors lisaient la monarchie comme une
de lys, des dons du roi. Mais, de nos jours, beaucoup de jeunes États indépendants ont aussi besoin
d'une aide financière et matérielle extérieure sans que personne songe pour autant à leur contester
le nom d'États ».
17. J. Kerhervé, L'État breton aux xive
et xve siècles. Les ducs, l'argent et les hommes, 2 t., Paris,
Maloine, 1987.
18. B. Demotz, Le comté de Savoie du xie
au xve siècle. Pouvoir, château et État au Moyen Âge, Genève,
Slatkine, 2000 ; id., « Amédée VIII et le personnel de l'État savoyard », Amédée VIII- Félix V, premier
duc de Savoie et pape (1383-1451), dir. B. Andenmatten, A. Paravicini- Bagliani, Lausanne,
Fondation Humbert II et Marie José de Savoie, Université de Lausanne, 1992, p. 123-142.
19. L'État angevin. Pouvoir, culture et société entre xiiie
et xive siècle, Rome, École française de Rome,
1998.
20. B. Schnerb, L'État bourguignon (1363-1477), Paris, Perrin, 1999.
21. Pour l'espace angevin, symptomatique est le fait que les colloques qui ont suivi la rencontre de
Rome et Naples de 1995 et qui a donné lieu au volume L'État angevin, cité note 19, ne reprennent
pas l'expression « État angevin ». Ainsi les deux colloques d'Aix- en- Provence et d'Angers de 2002 ont
désormais recours à l'expression « territoires angevins » : La justice temporelle dans les territoires angevins
aux xiiie
- fin du
et xive siècles, dir. J.-P. Boyer, A. Mailloux, L. Verdon, Rome, École française de Rome,
2005, et Formation intellectuelle et culture du clergé dans les territoires angevins (milieu du xiiie
siècle), dir. M.-M. de Cevins, J.-M. Matz, Rome, École française de Rome, 2005. C'est aussi le
parti pris adopté pour les publications issues des rencontres scientifiques en lien avec le programme
ANR Europange : voir, par exemple, Les grands officiers dans les territoires angevins/I grandi ufficiali
nei territori angioini, dir. R. Rao, Rome, École française de Rome, 2017, ou encore Les officiers et la
chose publique dans les territoires angevins (xiiie
- xve siècle) : vers une culture politique ?/Gli ufficiali e la
cosa pubblica nei territori angioini (xiii- xv secolo): verso une cultura politica?, dir. T. Pécout, Rome,
École française de Rome, 2020. Mais l'expression « territoires angevins » renvoie ici à l'ensemble des
territoires tenus par les Angevins à la fin du Moyen Âge, de Naples à la Hongrie, de la Provence à
l'Anjou, de la Lorraine à la Sicile. Pour la Bourgogne, E. Lecuppre- Desjardin, Le royaume inachevé
des ducs de Bourgogne (xive
- xve siècles), Paris, Belin, 2016.
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