Contextes - Penser l'ancien droit public - 259

Conclusions générales
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Or cette spécificité n'est elle- même pas stable. Les formes complexes du
droit varient selon les temps et les lieux. Les questions de l'anachronisme et
de l'« ancien » droit ne peuvent dès lors être strictement extérieures au droit.
D'Hammourabi à nos jours, le droit s'est toujours accompagné d'un récit de
lui- même, manière de doubler le discours atemporel d'un regard sur les origines
et le changement, les progrès, les crises ou le déclin, le passé et le futur, seraientils
aussi rétrospectifs qu'une reformatio. La belle stabilité dont se prévalent les
règles de droit, gage de sécurité (juridique), suppose de rompre, un temps
au moins, avec le flux de l'histoire. L'histoire n'est ainsi pas un complément
fortuit du droit. Elle est le fonds sur lequel le droit édifie sa différance, ce dont
il s'autorise pour en prendre congé. Loin de le ramener au passé, l'histoire
nourrit son présent et son atemporalité.
Rien de surprenant, dès lors, à ce que les interrogations proposées par les
organisateurs débouchent sur des réponses variées. L'anachronisme et l'ancien
droit sont des questions de méthode historique posées à propos d'un objet qui
se défie de l'histoire, semblable à l'écueil auquel se heurtent encore bien des
sociologies du droit. De surcroît, les analyses diffèrent selon qu'elles tournent le
regard vers l'histoire, l'historiographie, les méthodes ou le droit contemporain.
Autant de raisons qui expliquent que les questions posées ne puissent recevoir
que des réponses partielles et partiales. Elles sont autant de voies différentes
- mais qui se recoupent - pour analyser certaines transformations du phénomène
juridique : sans continuité nécessaire, sans ontologie universelle, sans
relativisme non plus ; des captations particulières et saisissantes de l'historicité
du droit, cette stabilité précaire de mots et de concepts, de règles et de principes,
de pratiques et de doctrines, de faits et de savoirs.
Pour répondre aux difficiles questions soulevées par les organisateurs,
chacun a choisi ses objets et ses façons de l'aborder. Jouent les spécialités de
chacun, les problématiques, les sources et les façons de les saisir ; le regard aussi,
plus ou moins clair, sur ce qui fait droit. Comme pour bien d'autres échanges,
une telle disparité pourrait laisser croire que ces colloques n'en sont pas et
que les « regards croisés » ne sont qu'un voile pudique jeté sur un dialogue de
sourds. Tout au contraire, des réponses à l'unisson auraient été troublantes,
voire inquiétantes. Si les points de vue se croisent et se rejoignent parfois,
l'ensemble ne tisse pas pour autant la plus belle des tapisseries, « riche de sa
diversité ». Envisagé sur la longue durée et à partir d'angles particuliers, le droit
y apparaît au contraire comme un tissu mangé de trous et sans cesse ravaudé,
un patchwork. L'histoire déchire ce tissu sans couture que le droit voudrait
être. Elle ne le fait toutefois qu'en partie et ces colloques le donnent à voir. En
dépit des diversités d'objets, de contextes et de méthodes, par- delà le temps,

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