Contextes - Penser l'ancien droit public - 36

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Penser l'ancien droit public avec Michael Stolleis
du contexte intellectuel, scientifique, social et politique dans lesquelles il inscrit
sa pensée32
par des réflexes de « présentisme »33
. Sans doute, du reste, une période telle la nôtre, facilement orientée
, confère- t-elle une difficulté particulière aux
efforts d'articulation des temporalités - passé, présent et futur.
C'est ici que la rigueur de la méthode entre en jeu, notamment afin de
déjouer les pièges de « l'anachronisme des concepts »34
et des représentations
qui leur sont associées. Plusieurs approches peuvent être propices à cet effet : le
regard pluridisciplinaire permet ainsi d'appréhender la multiplicité des faits qui
se croisent35
, quand « l'histoire des concepts » appelle à comprendre ces derniers
comme produits de processus historiques, politiques et sociaux36
. Une « histoire
de la science du droit » telle que la propose Michael Stolleis engage quant à elle
à préciser le rôle des juristes et de leur environnement dans la détermination
de leur objet « droit ». Autant de détours et de précautions qui nous ramènent
en définitive à l'objet du présent colloque/ouvrage : « penser » l'ancien droit
public en adoptant les précautions méthodologiques dans l'emploi des mots,
concepts et catégories juridiques.
II - ÉTAT ET CONSTITUTION -
DEUX ILLUSTRATIONS CLASSIQUES AU CROISEMENT
DE L'HISTOIRE ET DU DROIT CONSTITUTIONNELS
L'histoire et le droit constitutionnels se rencontrent fort classiquement
autour des concepts d'État et de constitution, « pivots » de ces disciplines37
. La
pertinence du recours à ces termes face aux évolutions historiques n'en demeure
32. M. Stolleis, Verfassungs(ge)schichten, op. cit., p. 30, 45, 60. V. aussi dans le même sens :
« Rechtsgeschichte, Verfassungsgeschichte », loc. cit., p. 391 ; « Methode der Rechtsgeschichte »,
loc. cit., p. 1480 ; ainsi que (entre autres) les contributions d'A.-B. Kaiser et de C. Gusy in
M. Stolleis, Verfassungs(ge)schichten, op. cit., p. 65-76 et p. 77-90.
33. F. Hartog, Régimes d'historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil, 2003.
34. M. Troper, « Sur l'usage des concepts juridiques en histoire », Annales ESC, 47 (6), 1992,
p. 1171-1183, en part. p. 1181-1182 (« L'anachronisme des concepts consiste à employer des
concepts nouveaux pour appréhender une réalité ancienne. [...] liée à l'impossibilité de reproduire
le langage du passé [...] inévitable »).
35. M. Stolleis, « Concepts, Models and Traditions of a Comparative European Constitutional
History », Themis. Revista da Faculdade de Direito da UNL, 6, 2003, p. 155-163.
36. O. Brunner, W. Conze, R. Koselleck (dir.), Geschichtliche Grundbegriffe, historisches Lexikon
zur politisch- sozialen Sprache in Deutschland, 7 vol., Stuttgart, Klett, 1972-1992.
37. M. Stolleis, Verfassungs(ge)schichten, op. cit., 21, qualifiant ainsi l'État - et on notera que la
traduction française de « pivot » rend faiblement compte de l'idée sous- tendue par la double expression
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