Bibliothèque constitutionnelle et de science politique - Tome 155 - Les Français de l'étranger comme catégorie politique - 67

Histoire du lien

national des universités et écoles françaises. Cette association privée a été créée
en 1910 par des parlementaires et des universitaires français, pour favoriser le
rayonnement de l'enseignement français. Elle fait connaitre à l'étranger les ressources des universités et des écoles françaises pour développer les échanges de
professeurs et d'étudiants entre établissements français et étrangers. Après son
élection à la Présidence de la République, en 1920, Jules Cambon succède à
P. Deschanel à la présidence du Comité. Membre de l'Académie française,
ancien ambassadeur à Washington, Madrid et Berlin, il est nommé secrétaire
général du ministère des Affaires étrangères en 1914 puis président de la conférence des ambassadeurs. Un choix pertinent alors que les relations avec le
ministère des Affaires étrangères sont un point clef pour le fonctionnement de
ce Comité.
186. Pour obtenir un financement public, A. Honnorat met en évidence les
contributions privées recueillies, d'abord la participation des « Mexicains », puis
celle d'autres « colonies » sollicitées avec succès : « des fonds sont venus d'abord
du Mexique, puis du Siam et du Chili, de Suisse et d'Angleterre »99. Si les Français
de l'étranger marquent leur attachement à la diffusion de l'enseignement et de la
culture française, la nation peut-elle s'en désintéresser ?
187. Le Quai d'Orsay partage cet objectif : ces enfants français doivent garder la nationalité française, mais les crédits sont répartis directement entre les
ambassades, en fonction de l'importance de la « colonie » française. Le financement du Comité de protection et d'éducation des orphelins de guerre et fils de
Français résidant à l'étranger pour intervenir à l'étranger est donc exclu. Par
contre, des fonds lui seront attribués pour l'accompagnement de la scolarité en
France. En effet, en 1920, alors qu'A. Honnorat était en charge de l'Instruction
publique, a été décidée la prise en charge des frais de pension, en France, de certains élèves résidant à l'étranger100, car il faut « rattacher à nous les trop rares
éléments dont nous disposons pour maintenir notre influence à l'étranger »101.
Ainsi les fonctions ministérielles d'A. Honnorat lui auront-elles permis non seulement de trouver un subterfuge légal pour les pupilles vivant à l'étranger, mais
également d'enclencher le mécanisme de financement en France des études des
enfants émigrés car il ne faut pas :
« Priver les petits Français qui sont nés loin du sol de France des moyens
d'acquérir une éducation autre qu'une éducation étrangère [...]. Ils recevront
l'empreinte morale de la patrie et seront pour toujours rattachés à la communauté dont ils serviront au dehors les intérêts »102.
188. Ces enfants ont en effet un statut ambigu, ils sont Français sans le
savoir et n'en parlent pas, ou mal, la langue. La métaphore de la parenté est, ici
aussi, utilisée pour souligner le rôle que la France doit remplir vis-à-vis d'eux :
« [Ils] ne savent pas un mot de français ou ils n'en possèdent qu'une
connaissance très imparfaite. [...] Ils grandissent ainsi parmi les mœurs et la
langue du pays et quand ils ont vingt ans, comment s'apercevraient-ils qu'ils
sont différents de leurs camarades indigènes ? Or n'est-il pas évident que la
99. Archives nationales, A. Honnorat, 50 AP/64.
100. Ibid.
101. Ibid.
102. Archives nationales, A. Honnorat, 50 AP/64.

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