La souveraineté à l'ombre du constitutionnalisme octroyé 217 et avait en ce sens des allures de reliquat de la conception patrimoniale. Dépourvu de droits sur le royaume géré par lui, le roi capétien avait toutefois obtenu une compensation auprès de ses légistes : la souveraineté n'est pas seulement une conquête progressive contre la féodalité et les prétentions tant papales qu'impériales, à mettre au crédit de l'action du roi et de son entourage ; elle doit de plus être considérée comme un bien propre au roi et à ses descendants. Ce reliquat de la monarchie seigneuriale, telle qu'elle existait sous les premiers Capétiens, était un moyen psychologique pour faire accepter aux rois, toujours attirés par la tradition germanique, la privation de ce qu'ils pouvaient alors légitimement considérer comme leur bien. C'est dire à quel point la perte de la souveraineté pouvait être ressentie comme un affront à l'autorité royale. L'affrontement opéré sur le terrain du détenteur s'annonçait ainsi si déterminant et houleux (chapitre 1) qu'il n'est pas étonnant de constater l'émergence de conceptions en apparence neutres, veillant, sous l'égide de la raison, à occulter un débat qualifié d'insane et plus encore une notion susceptible de présenter un risque pour les libertés publiques (chapitre 2). 978-2-275-08393-3__DOCFILE__corpus.indd 217 02/02/2021 09:44:46