Bibliothèque d'histoire du droit et droit romain - Tome 38 - Les échelles du Levant et de Barbarie - 27

L'encadrement international du commerce franco-ottoman

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exprime la volonté du sultan d'un rapprochement par un échange d'ambassadeurs12. Louis XI, malgré les présents du sultan, refuse cependant de le recevoir et
le fait renvoyer à Constantinople13.
23.  Parallèlement, depuis la conclusion d'une alliance le 25 avril 1290 entre
Alphonse III et Al-Mansur Qalawun, le royaume d'Aragon et le sultanat mamelouk entretiennent des relations diplomatiques durables fondées sur des traités prévoyant notamment l'ouverture des marchés égyptiens aux marchands catalans14.
Un consulat catalan est d'ailleurs établi à Alexandrie pour protéger le commerce
de leurs nationaux15. Certaines cités italiennes établissent des institutions similaires, après la conclusion de traités avec le sultan16. Dans les premières années du
xvie siècle, les sources françaises attestent l'existence d'un consulat tenu en commun par l'Aragon et la France. Après la destruction de la flotte égyptienne par les
galères de Rhodes, le 21 août 1510, le consul franco-catalan, Philippe de Peretz, est
mis aux fers avec tous les Européens présents dans l'échelle. Louis XII dépêche
alors un ambassadeur auprès de Qânsûh al-Ghûrî pour obtenir sa libération17.
À cette occasion, le sultan accorde un commandement aux Français, leur garantissant des privilèges en matière de sécurité des personnes et de liberté commerciale18.
12. Lettre de créance d'Hüseyn Beg, ambassadeur du sultan Bajazet II, 1488 (éd. N. Vatin, « Une
tentative manquée d'ouverture diplomatique : la lettre de créance d'un envoyé de Bajazet II auprès de
Louis XI [1483] », loc. cit., p. 6-8).
13. Cet épisode est notamment relaté par Philippe de Commynes, Mémoires (éd. B. de Mandrot,
Mémoires de Philippe de Commynes, Paris, Alphonse Picard, 1903, t. II, p. 68).
14. D. Coulon, Barcelone et le grand commerce d'Orient au Moyen Âge. Un siècle de relations
avec l'Égypte et la Syrie-Palestine (ca. 1330-ca. 1430), Madrid-Barcelone, Casa de Velazquez-Institut
Europeu de la Mediterrània, 2004, p. 44-62. Sur le commerce européen en Égypte, voir M. T. Mansouri,
« Les communautés marchandes occidentales dans l'espace mamlouk (XIIIe-XVe siècle) », Coloniser
au Moyen Âge, éd. M. Balard et A. Ducellier, Paris, Armand Colin, 1995, p. 89-111 ; D. Coulon,
« Le commerce barcelonais avec la Syrie et l'Égypte d'après les actes du notaire Tomàs de Bellmunt
(1402-1416) », Le partage du monde..., op. cit., p. 203-229 ; É. Vallet, Marchands vénitiens en Syrie à
la fin du XVe siècle, Paris, ADHE, 1999 ; D. Coulon, « Les marchands catalans installés en Égypte et
en Syrie-Palestine aux XIVe et XVe  siècles : essai d'évaluation », Migrations et diasporas
méditerranéennes (Xe-XVIe siècles). Actes du colloque de Conques (octobre 1999), Paris, Publications
de la Sorbonne, 2002, p. 501-511 ; Id., « L'expansion occidentale vers le Levant à la fin du Moyen Âge.
La mise en place de structures de domination commerciale », L'expansion occidentale (XIe-XVe
siècles). Formes et conséquences. XXXIIIe congrès de la S. H. M. E. S. (Madrid, Casa de Velazquez,
23-26 mai 2002), Paris, Publications de la Sorbonne, 2003, p. 159-175 ; Id., « Négocier avec les sultans
de Méditerranée orientale à la fin du Moyen Âge. Un domaine privilégié pour les hommes d'affaires ? »,
Negociar en la Edad Media. Négocier au Moyen Âge, Barcelona, CSIC, 2005, p. 503-526.
15. Sur les consulats catalans dans le sultanat mamelouk, voir A.  Lopez de Meneses, « Los
consulados catalanes de Alejandria y Damasco en el reinado de Pedro el Ceremonioso », Estudios de
Edad Media de la Corona de Aragon, t. 6, 1962, p. 83-183 ; Id., « Un siglo del consulado de los catalanes
en Alejandria (1416-1516) », La Corona de Aragona y el Mediterraneo. Aspetti e problemi comuni, da
Alfonso il Magnanimo a Ferdinando il Cattolici (1416-1516). IX Congreso de storia de la Corona de
Aragona (Napoli, 11-15 aprile 1973), Napoli, Società Napoletana di Storia Patria, 1982, t. II, p. 225239 ; J.-F. Cabestany i Fort, « Els consolats catalans d'Ultramar a l'Orient (1262-1549) », Els catalans a
la Mediterrània orientale a l'edat mitjana, éd. T. Ferrer i Mallol, Barcelone, Institut d'Estudis Catalans,
2003, p. 309-323 ; D. Coulon, Barcelone et le grand commerce d'Orient au Moyen Âge..., op. cit., p. 62-87.
16. Voir, par exemple, le Traité entre le sultan Maleck-Amazor et la république de Gênes,
13  mai  1290 (cité par A.  Desjardins, De l'origine des capitulations dans l'Empire ottoman, Paris,
Alphonse Picard, 1891, p. 9-10).
17. L'anecdote est racontée par l'un des membres de la suite de l'ambassadeur français,
J. Thenaud, Voyage et itineraire d'oultre mer, 1512 (éd. C. Schefer, Le voyage d'outremer [Égypte,
Mont Sinay, Palestine] de Jean Thenaud, Paris, Ernest Leroux, 1874, p. 3-4).
18. La traduction du commandement a été reproduite par Jean Lemaire de Belges, Le traicté
de la difference des scismes et des concilles de l'Église (éd. Paris, s. e., 1533, s. p.).

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