Bibliothèque de finances publiques et fiscalité - Tome 72 - Le Ministre des finances sous la Ve République - 72

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LE MINISTRE DES FINANCES SOUS LA Ve RÉPUBLIQUE

111.  Un développement important. Les ministres des Finances conservèrent
des fonctions traditionnelles, celles de gérer les finances de l'État, en donnant
« au budget toujours plus d'aisance, aux impôts une répartition meilleure [et en
affermissant] le crédit s'il vient à être ébranlé soit à la suite d'une guerre ou d'une
crise économique quelconque »103. Toutefois, l'instabilité gouvernementale chronique des IIIe et IVe Républiques n'empêcha pas le développement important de
la fonction étudiée104. Si la durée de chaque ministre au ministère des Finances
parut trop courte pour qu'ils puissent réellement réformer, les finances entraînant bon nombre de blocages au sein du pays, le poids du ministre des Finances
par rapport aux autres membres du Gouvernement devint grandissant. Assurément, même si la Rue de Rivoli n'eut pas les effectifs les plus importants de
la  République, les rapports notamment budgétaires entre le ministre des
Finances et les ministres dits « dépensiers » créèrent une hiérarchie financière
de fait, plaçant le ministre des Finances au-dessus de ses collègues du Gouvernement. Bien que statutairement égaux au sein du Gouvernement, les ministres
ne le furent pas dans les faits, notamment en ce que le ministre des Finances
détint le pouvoir d'établir les budgets des ministères, et en ce qu'il exerça une
certaine tutelle sur eux pour diverses raisons.
112.  Il convient alors d'étudier les conséquences de ce développement de la
fonction du ministre des Finances, ayant conduit au ministre des Finances sous la
Ve République.
B. LES CONSÉQUENCES DE L'IMPORTANT DÉVELOPPEMENT
DE LA FONCTION
113.  La place du ministre des Finances et de son ministère connut un développement important sous les IIIe et IVe Républiques105, et cela en raison de trois
facteurs principaux : l'inexistence d'un réel chef de Gouvernement, l'écartement
du Parlement en matière financière, et le développement de l'interventionnisme de
la puissance publique. Effectivement, ces ministres ne peuvent être analysés sans
référence aux évolutions structurelles et conjoncturelles106.
114.  L'absence de véritable chef de Gouvernement, facteur d'émancipation du
ministre des Finances. Les Constitutions des IIIe et IVe Républiques, en se rapprochant d'un régime d'Assemblée, furent condamnées à tomber dans l'instabilité
ministérielle menant à l'immobilisme et à l'impuissance. Successivement, les deux
régimes reproduisirent les mêmes erreurs menant à la faiblesse chronique de l'exécutif, à la quasi-inexistence du chef de l'État, à la toute-puissance des chambres,
à des coalitions éphémères, et donc in fine aux instabilités ministérielles causant
leur perte107. Tous ces facteurs, et plus particulièrement l'absence de réel chef du
103. J. Figard, L'œuvre d'un ministre des Finances après la guerre de 1870-71 : Léon Say, Thèse
pour le doctorat, Paris, Librairie Félix Algan, 1915, p. 27.
104. Pourtant ces périodes connurent des problèmes financiers importants, voir par exemple :
L.  Germain-Martin, Le problème financier 1930 - 1936, Paris, 1936, Les éditions DomatMontchrestien, 434 p.
105. Sur les pouvoirs des ministres sous les IIIe et IVe Républiques, voir : J. Rigaud, « Pouvoirs
et non-pouvoir du ministre », Pouvoirs, 1986, n° 36, pp. 5-14.
106. M.  Margairaz, « Les ministres des Finances : personnalités, structures, conjonctures »,
Pouvoirs, 1990, n° 53, pp. 101-108.
107. S.  Caporal, Histoire des institutions publiques de 1789 à nos jours, Paris, Hachette, HU
Droit, 2005, p. 40.

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