CONCLUSION DE LA TROISIÈME PARTIE 407. Les épreuves de la société en nom collectif sont celles qui la frappent dans ce qui lui est consubstantiel : les hommes et la valeur qu'ils représentent. Elles n'ont pas toutes le même degré d'importance mais provoquent chaque fois un ébranlement de l'édifice. Le départ d'un associé ne serait pas en soi un événement digne d'intérêt si les sociétés en nom collectif ne réunissaient pas un nombre aussi limité de personnes. C'est quelqu'un qui a été choisi pour ses compétences avec lequel les liens dans l'exercice d'un métier exercé en commun sont très forts. Les mesures prises pour éviter un départ trop brusque et pour prévoir dans les actes une sanction pécuniaire à celui qui quitte inopportunément la société en sont la traduction. Elles n'empêchent rien mais peuvent faire réfléchir et retarder un départ trop promptement décidé. La mort d'un associé est de son côté plus brutal et les dommages peuvent paraître plus étendus. Elle pose en effet crûment la question de la continuation ou non de la société. Les actes de société prennent souvent à l'avance position sur ce sujet, tout comme ils précisent la manière dont les -héritiers et ayants cause des associés devront être traités. Ils mettent en lumière également la façon dont les activités de la société pourront être, le cas échéant, poursuivies avec la veuve ou les enfants du défunt. Leur parenté avec le décédé ne les rend pas pour autant aptes à exercer la fonction d'associé et à s'entendre avec celui ou ceux qui sont survivants. Une autre épreuve est celle qui résulte de la dissolution de la société. Elle peut être le fruit d'une disposition de l'acte de société ou d'une décision prise d'un commun accord entre les associés. Elle peut aussi être l'objet d'un différend entre les parties qui risque d'alimenter un contentieux. Dans le meilleur des cas, elle est la suite heureuse d'une collaboration de plusieurs années entre les associés, dans le pire elle ouvre la voie à des déchirements douloureux. C'est en tout état de cause, une affaire qui se règle entre associés avec le concours précieux des arbitres. Les modalités de la dissolution sont clairement établies et s'échelonnent dans le temps pour parvenir à un partage fondé sur des bases définies à l'avance. Les effets de la dissolution se prolongent tant que toutes les affaires n'ont pas été totalement réglées. La faillite et plus encore la banqueroute restent les épreuves les plus lourdes. Le discrédit est public et les associés en nom collectif responsables solidairement des dettes de la société risquent d'y perdre, outre leur honneur, tous leurs biens. La société elle-même a du mal à y résister et les associés se retrouvent seuls vis-à-vis de la justice et de leurs créanciers. Leur sort n'est plus entre leurs mains et ils sont exposés à subir bien des avanies dont la moindre n'est pas la contrainte par corps. Si des auteurs considèrent que le xviiie siècle a été finalement trop clément vis-à-vis des débiteurs, il n'en reste pas moins que leur situation paraît fragile. C'est peut-être oublier 978-2-275-08824-2__DOCFILE__4e_couverture.indd 387 16/12/2020 11:58:46