Précis Domat - Philosophie du droit - 2e - 310

PHILOSOPHIE DU DROIT
Ses travaux portent d'abord sur la psychiatrie et la psychopathologie. Mais surtout
il joue un rôle important d'un point de vue philosophique. Il est d'abord
influencé par Nietzsche et Kierkegaard. Puis il affronte la question de la liberté.
Pour lui, l'individu se retrouve face à un choix : soit tomber dans le désespoir ou
la résignation, soit faire un pas vers la Transcendance, c'est-à-dire ce qui est audelà
du monde physique. Dans cette seconde réponse, Jaspers est influencé par le
courant néo-platonicien et notamment par Nicolas de Cues. D'une certaine
manière, il reçoit aussi l'influence de Pascal et de son pari. Il s'intéresse de même
aux droits de l'Homme lorsqu'il perçoit des menaces venant des institutions politiques,
de l'économie ou de la science moderne.
495 Marcel. - Gabriel Marcel (1889-1973) préfère se consacrer pleinement à sa
vocation de philosophe plutôt que d'enseigner (il est pourtant agrégé de philosophie).
Il est écrivain, auteur dramatique et critique littéraire et musical. Il reçoit
aussi beaucoup de prix durant sa vie et il est membre de l'Académie des sciences
morales et politiques. En 1929, il se convertit au catholicisme.
Toute son œuvre est fondée sur la méditation de l'expérience humaine et de son
existence personnelle. L'homme découvre l'existence en même temps que le
monde. Mais ce monde est tout à la fois le lieu de l'engagement et la limite de
l'homme. Il est intéressant de noter que les réflexions de Gabriel Marcel sont indépendantes
de celles de Kierkegaard qu'il ne connaît pas encore.
L'objet de ses investigations est une intuition fondamentale : nous constatons
que quelque chose existe et est ce qu'elle est. Cet être est-il une simple idée ? Estce
que le bon sens n'apporte pas une solution ? Cet arbre n'existe-t-il que dans ma
pensée ou est-il bien réel ? Pour répondre à ces questions, Gabriel Marcel élabore
une distinction fondamentale entre le problème et le mystère, deux formes radicalement
distinctes dans les recherches intellectuelles. Le problème est quelque chose
qui barre la route : l'esprit doit agir en tiers impartial, pour découvrir de quel côté
est la vérité. Le mystère est quelque chose non plus devant moi, mais dans lequel je
suis pleinement engagé : le sujet connaissant fait partie intégrale de la vérité à trouver.
L'existence personnelle n'est donc pas du domaine du problème mais de celui
du mystère. En outre, ce sujet connaissant n'est pas seul face au tout. Marcel insiste
au contraire sur l'intersubjectivité : le cogito de Descartes enferme le sujet et ne lui
permet pas d'établir une relation avec autrui. Au contraire, il considère que l'autre
n'est pas un « lui », mais il est « un autre je » et donc par rapport à moi-même il est
un « tu ». Par ailleurs, notre « moi » est incarné : nous sommes notre corps, et ce
corps fait partie de l'être et non de l'avoir. Gabriel Marcel retrouve ainsi l'idée
d'une unité substantielle du corps et de l'âme. De la même manière, les « tu » ne
peuvent être appréhendés comme de l'avoir : le « tu » est une personne comme le
« je ». Il en arrive ainsi à la société en passant par la famille, le mariage et les groupements
humains, en insistant à chaque fois sur l'égalité profonde de tous ces
« je ». Ainsi, avec Gabriel Marcel, il est possible de retrouver un fondement à la
société et de mener une réflexion sur le rôle du droit.
496 Les deux existentialismes. - Comme on peut le percevoir, il ne faut pas
confondre les différents existentialismes et, traditionnellement, il est fait état de
deux existentialismes, le premier étant athée (Heidegger et Sartre), tandis que le
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