Précis Domat - Philosophie du droit - 2e - 49

ATHÈNES
celui de la science. Certaines disciplines ne permettent pas d'atteindre une nécessité
absolue, comme l'histoire ou le droit. Par ailleurs, les sciences elles-mêmes peuvent
faire appel à l'opinion. En effet, avant de parvenir à déterminer des essences, il peut
y avoir une période de tâtonnements, nécessitant des comparaisons. Dans ce cas,
l'opinion peut mener à la science. L'instrument logique de l'opinion est donc le
syllogisme dialectique. Ici, le mot dialectique ne doit pas être pris au sens platonicien,
pour lequel la dialectique est la science au sens strict portant sur les Idées.
Pour Aristote, le syllogisme dialectique diffère du syllogisme démonstratif par sa
matière, car il se fonde, non plus sur des vérités nécessaires, mais sur des principes
probables.
D'un point de vue juridique, et plus précisément d'un point de vue judiciaire,
les plaideurs énoncent des demandes qui ne sont que des opinions. Le juge tranche
entre ces deux opinions, mais son jugement n'aboutit pas à une certitude, même s'il
peut être considéré comme vraisemblable. D'ailleurs, le fait qu'existent des voies
de recours montre bien qu'il n'y a pas de certitude. Toutefois, avec les progrès de la
génétique, il est possible d'atteindre une quasi-certitude. Mais celle-ci est plus
scientifique que juridique et, en conséquence, elle entre plutôt dans le domaine du
syllogisme démonstratif.
2. La métaphysique
La métaphysique correspond à ce qui va au-delà de la physique. Elle utilise
quelques concepts clefs qu'il est utile de connaître, d'autant que certains de ces
concepts sont aussi utilisés dans le domaine juridique.
67 Acte et puissance. - Selon Aristote, les objets sensibles concrets (cet arbre, cet
homme) étant multiples, variés et changeants ne réalisent pas l'être parfaitement.
Ainsi, ils sont constitués de deux principes : l'acte et la puissance.L'acte peut
être considéré comme un principe de perfection par lequel les objets participent
de l'être. La puissance peut être considérée comme un principe d'imperfection,
par lequel ces objets sont limités et peuvent ainsi participer à des degrés fort divers
de l'être. L'exemple très connu mettant en parallèle le bloc de marbre et la statue
peut être cité. Pour Aristote, le bloc de marbre possède avec la statue une relation
que ne possèdent pas d'autres objets : une étendue d'eau ne pourra jamais devenir
une statue (sauf si elle devient de la glace, mais ce n'est alors plus de l'eau au sens
strict). Le bloc de marbre, quant à lui, a la capacité d'être sculpté, capacité qu'Aristote
appelle la puissance : le bloc de marbre est ainsi une statue en puissance. Dès
lors, le changement métaphysique s'analyse comme le passage de la puissance à
l'acte. Dit d'une manière plus profonde, le changement c'est l'actualité ou la perfection
de ce qui est encore imparfait ou en puissance, précisément en tant qu'il est
encore imparfait. Ainsi, le fait d'être instruit est déjà une perfection par rapport à
l'ignorance ; mais le fait d'être instruit n'est pas encore la science parfaite, de sorte
qu'il subsiste encore une imperfection. D'une certaine manière, tous les êtres sont
imparfaits car ils demeurent composés d'acte et de puissance. Seul l'Acte pur est
parfait dès lors qu'il n'est justement pas en puissance. Cet Acte pur correspond au
Dieu unique aristotélicien : sa perfection se manifeste par le fait qu'il n'est qu'en
acte et sans la moindre puissance. Pour aller plus loin, il est intéressant de
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