De l'atomisation de l'audience à sa disparition rien à l'audience, pas même moi qui l'ai pourtant rencontrée des heures au parloir avocat ». Lorsque les magistrats reviennent dans la salle, elle tente de leur expliquer l'erreur. En vain, il n'est plus temps de plaider. « Vous jugez la mauvaise personne », parvient quand même à placer Marie Dosé avant que la cour ne prononce sa décision. « Il y a eu un blanc, se souvient-elle et le pire est qu'on m'a reproché de ne pas l'avoir reconnue ! »3. La justice en mode dégradé qui accuse l'avocat de ses propres turpitudes. Nemo auditur...4 Nous sommes si convaincus qu'une avancée technologique représente une avancée tout court que nous n'apercevons même pas les reculs que dissimulent ces pseudos progrès. Recul des droits puisque celui qui est jugé n'est pas présenté physiquement devant son juge. Recul de la sécurité puisque de telles erreurs d'identité sont susceptibles de se produire. Mais aussi recul de la qualité des débats, nul ne pouvant soutenir sérieusement que parler à un écran et parler à une personne physiquement présente est équivalent. À en croire les cours suprêmes, il suffirait d'attendre que tout ça fonctionne un peu mieux techniquement (meilleur son, meilleure image, absence de coupures) pour que le procédé devienne acceptable et entièrement équivalent à une comparution corps présent. 3. Entretien avec l'auteur. 4. Allusion à l'adage juridique « Nemo auditur propriam turpitudinem allegans » qui signifie : nul ne sera entendu s'il invoque sa propre turpitude. 173