De l'atomisation de l'audience à sa disparition 2020, la crise sanitaire éclate. Du jour au lendemain, la France qui pensait encore que la covid-19 n'était rien de plus qu'une grosse grippe se retrouve confinée totalement. Les services d'urgence sont saturés au point que se répand à Paris le bruit qu'il est inutile d'appeler le 115, personne ne pourra répondre. Dans ce climat de peur mêlé de sidération, le gouvernement adopte plusieurs ordonnances qui ont pour objet d'adapter tant bien que mal la vie judiciaire et juridique à ce temps suspendu. Autant les mesures en matière économique sont saluées, autant les dispositions concernant le judiciaire suscitent des tensions. C'est le cas en particulier de l'ordonnance nº 2020-303 du 25 mars 2020 portant adaptation de règles de procédure pénale sur le fondement de la loi nº 2020-290 du 23 mars 2020 d'urgence pour faire face à l'épidémie de covid-19. L'une des mesures les plus emblématiques consiste à prolonger automatiquement la détention provisoire des détenus. La Chancellerie précise que cela vaut pour tous les détenus et pas seulement ceux dont la période de détention arrive à son terme et que par ailleurs le renouvellement ne nécessite pas la décision d'un juge. Avocats et magistrats n'en reviennent pas ! Une autre mesure tout aussi emblématique a pour objet d'élargir la possibilité de recourir à la visioconférence. Voir les gens à distance constitue bien sûr l'archétype de la solutionmiracle en pleine crise sanitaire. Ainsi l'article 5 supprime-t-il la condition du consentement pour la comparution devant toutes les juridictions 193