La justice en voie de déshumanisation Le casus belli du renouvellement de la détention provisoire Le gouvernement à l'époque du premier confinement avait adopté par voie d'ordonnance une autre disposition, beaucoup moins appréciée par les avocats : la prolongation automatique de détention provisoire. Le texte prévoyait concrètement que les personnes en détention au moment du confinement verraient leur détention automatiquement prolongée. L'idée était simple : empêcher que la quasiparalysie du système judiciaire n'aboutisse à la remise en liberté des détenus arrivant au bout de leur détention provisoire. Si la mesure pouvait à la rigueur se comprendre dans la période à la fois d'affolement et de manques de moyens sanitaires de l'époque, une circulaire de la Chancellerie était venue mettre le feu aux poudres en prévoyant que ce n'était pas que les détenus en fin de période, mais tous les détenus qui étaient concernés et que, par ailleurs, ce renouvellement ne nécessitait pas l'intervention d'un juge. Dans sa décision du 29 janvier 2021 rendue sur une question prioritaire de constitutionnalité, le Conseil constitutionnel reconnaît que c'est au juge judiciaire de décider d'une mesure aussi grave que le placement ou le renouvellement d'une détention. Las ! Tout ceci est purement symbolique puisque l'ordonnance concernée a cessé d'être applicable. Surtout, le Conseil s'empresse de préciser que les justiciables ne pourront pas s'appuyer sur sa décision pour contester leur situation. C'est révoltant, d'un point de vue des libertés. Sidérant sur le 304