L'inquiétante souffrance psychologique des professions de justice Huit petits jours de consultation Quelques semaines plus tard, les instances représentatives de la profession d'avocat reçoivent le projet de réforme. Elles n'ont pas été consultées en amont et découvrent donc le texte. Nous sommes le vendredi 9 mars 2018. On leur laisse... une semaine pour tout décrypter et émettre un avis. La tâche est tout bonnement impossible au vu de l'ampleur des sujets abordés. Nous avons consulté, rétorque le ministère. Oui, les groupes de travail formés par le ministère lui-même ont procédé à des auditions. Mais ce n'est pas cela que l'on désigne habituellement par le mot « consultation ». On parle d'un dialogue entre les ministères et les instances représentatives des professions. Que précisément ici, on a contourné par le biais des fameux groupes. Cette technique de management brutale va déclencher le plus formidable conflit entre les avocats et le gouvernement jamais observé. Mais la colère ne porte pas que sur la forme. Elle touche aussi, et c'est plus grave, le fond des réformes proposées. Ou plutôt imposées puisque conçues hors des règles traditionnelles de la concertation. Lorsqu'ils découvrent le texte le 9 mars, les avocats constatent qu'ils avaient raison de se méfier. Ainsi, la « simplification » annoncée de la procédure s'opère-t-elle au détriment de nombreuses garanties procédurales. Nous avons évoqué plus haut la rationalisation des process de production de jugements en vue d'accélérer les cadences, au détriment de la qualité. Nous y sommes. Il a fallu des siècles pour bâtir une institution judiciaire sophistiquée offrant 95