Chapitre 5 L'entre-deux-guerres : les impôts sur le patrimoine, outils de financement Si on la compare aux premières années du siècle, la période de l'entre-deux-guerres innove peu en matière de fiscalité patrimoniale ; elle ne crée aucun impôt nouveau. Elle se singularise toutefois par une montée en puissance inédite des impôts sur la transmission et les revenus du patrimoine hérités des réformes de 1901-1917, mobilisés pour faire face aux crises des finances publiques. Ce mouvement général de hausse des taux masque toutefois leur instabilité elle aussi inédite : après les hausses successives décidées par le Bloc national puis le Cartel des gauches de 1920 à 1926, le retour à l'équilibre budgétaire atteint grâce à l'assainissement opéré par Poincaré autorise une politique d'allègement des taux, interrompue à la fin des années 1930. I. Résorber la dette de la Grande guerre : le projet d'impôt sur le capital A. Un regain d'intérêt né de la guerre Si le contexte du premier conflit mondial a permis la création de l'impôt progressif sur le revenu, c'est en réalité surtout par l'emprunt que la France a choisi de financer la guerre : les quatre grands emprunts lancés entre 1915 et 1918 sous la houlette du ministre des Finances Ribot portent la dette publique de 65% du PIB à la veille du conflit à plus de 150% en 1918. Elle passe ainsi de 34 à 205 milliards de francs, alors que l'impôt général sur le revenu ne rapporte encore que 500 millions en 1918. 85