Les Intégrales - Droit de l'intelligence artificielle - 2e - 530

DROIT DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
envoyer un message à chacun des ordinateurs connectés à internet, afin de pouvoir les
compter et de mesurer la taille d'internet. Ce programme se réplique d'un ordinateur à
l'autre30
. Mais ses bonnes intentions sont occultées par un défaut de son programme,
qui permet au virus d'infecter plusieurs fois la même machine en lui envoyant le même
message en boucle, jusqu'à saturation des capacités de l'ordinateur. L'ensemble du
réseau internet s'en trouve ralenti. En réponse à cette attaque, qui se solde par une
condamnation pénale du jeune ingénieur31
d'alerte et de réaction aux attaques informatiques32
, les Américains créent le premier centre
.
878 Peu de temps après cette première menace sur le cyberespace, le concept de cybersécurité
apparaît comme une réponse à la fois technique et sécuritaire d'un genre
nouveau33
d'une définition unique.
B - Définitions de la cybersécurité
879 Les définitions de la cybersécurité sont nombreuses34
, et couvrent un éventail de
nuances évoluant entre les domaines de la technique et de la politique.
Dans un sens plutôt technique, comme celui que lui attribue l'Union internationale des
Télécommunications35
, la cybersécurité correspond principalement à la sécurité de
l'informatique et du numérique, deux notions dont il est important de comprendre ce
qui les lie et ce qui les distingue. L'informatique est une discipline de résolution efficace
de problèmes, par des méthodes telles que les algorithmes, la programmation, les
systèmes de réécriture, etc. Sans informatique, le numérique n'existerait pas : c'est ce
qui lie les deux notions. Mais le numérique n'est pas une discipline, c'est un langage. Il
est composé d'une suite de 0 et de 1, et permet aux machines d'échanger des informations.
Dans un avenir proche, il pourrait être complété voire supplanté dans certains
secteurs par le langage quantique, qui repose sur les propriétés de la plus petite particule
connue à ce jour : le quantum, que l'on évoque le plus souvent au pluriel (les quanta).
Numérique ou quantique, l'informatique ne représente pas la seule dimension de la
cybersécurité.
880 Àl'opposé de cette conception essentiellement formulée par des ingénieurs et pour
des ingénieurs, la notion de cybersécurité contribue également à un discours politique.
(30) Dès les années 1970, du temps de l'ancêtre du réseau internet (ARPANET), il existait des programmes qui se répliquaient
d'un ordinateur à l'autre. Ils se contentaient d'envoyer des messages qui apparaissaient sur les écrans (par
ex. en 1970, « I'm the creeper: catch me if you can » créé par Bob Thomas). Mais ce n'étaient pas des virus ou
des attaques, car les ressources informatiques n'étaient aucunement impactées : seul un message était envoyé.
(31) Robert Morris est condamné à 10 000 $ d'amende et à 400 heures de travaux d'intérêt général. Aujourd'hui, il est
professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT, États-Unis).
(32) Ce centre s'appelle un CERT (Computer Emergency Response Team) ou encore un CSIRT (Computer Security Incident
Response Team). Il en existe dans tous les pays de l'Union européenne : 40 en France, et 47 en Allemagne,
26 en Italie, etc. Une cartographie de ces centres existe sur le site de l'Agence européenne de la cybersécurité
(ENISA).
(33) Pour une étude sur l'aspect sécuritaire de la cybersécurité dès son origine, voy. L. HANSEN et H. NISSENBAUM, « Digital
Disaster, Cyber Security and the Copenhagen School », International Studies Quarterly, 2009, 53, 1155-1175.
(34) Pour une étude sur l'origine de la cybersécurité où les auteurs comparent toutes les définitions de la cybersécurité
pour aboutir à une synthèse, voy. D. CRAIGEN,N. DIAKUN-THIBAULT et R. PURSE, « Defining cybersecurity », Technology
Innovation Management Review, oct. 2014, p. 13 et s.
(35) Voy. spéc. la définition-catalogue de la cybersécurité, dans le contexte technique de l'Union internationale des télécommunications,
une agence des Nations unies basée à Genève, in Recommandation UIT-T X.1205 (04/2008),
§ 3.2.5 : « cybersécurité - ensemble des outils, politiques, concepts de sécurité, mécanismes de sécurité, lignes
directrices, méthodes de gestion des risques, actions, formations, bonnes pratiques, garanties et technologies qui
peuvent être utilisés pour protéger le cyberenvironnement et les actifs des organisations et des utilisateurs. Les
actifs des organisations et des utilisateurs comprennent les dispositifs informatiques connectés, le personnel,
l'infrastructure, les applications, les services, les systèmes de télécommunication, et la totalité des informations
transmises et/ou stockées dans le cyberenvironnement. La cybersécurité cherche à garantir que les propriétés de
sécurité des actifs des organisations et des utilisateurs sont assurées et maintenues par rapport aux risques affectant
la sécurité dans le cyberenvironnement. Les objectifs généraux en matière de sécurité sont les suivants : disponibilité,
intégrité, qui peut englober l'authenticité et la non-répudiation, confidentialité ».
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. Mais trente ans plus tard, la cybersécurité ne peut toujours pas faire l'objet

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