Bibliothèque de droit social - Tome 83 - Les clauses sociales - 290

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LES CLAUSES SOCIALES
B. L'INCONTESTABLE RECONNAISSANCE DU TRAVAIL HUMAIN
DANS LE PILIER SOCIAL
487. Si les premières mentions du développement durable dans des textes
internationaux n'omettent pas la place des travailleurs, c'est pour alimenter une
certaine méfiance face au concept. Les pays en développement, soucieux de récolter
les fruits d'une croissance économique, présentée comme bridée par les considérations
environnementales, s'appuieront sur la nécessité d'une croissance forte
pour générer de l'emploi. Néanmoins, l'idée de la nécessité de produire tout en
garantissant au travailleur une protection minimale, au nom du développement
durable, va finalement émerger. Par la suite, cette exigence sera rapprochée du
concept de travail décent afin d'articuler la croissance économique avec une forme
d'emploi durable.
488. L'observation des sommets internationaux permet de confirmer non seulement
la mise sur un pied d'égalité du pilier environnemental et du pilier social,
mais également la place du travail au sein de ce dernier. Cependant, le travail en
tant que composante du développement durable n'a pas surgi à l'occasion du tournant
de Johannesburg. Il paraît au contraire avoir sédimenté progressivement de
conférence en conférence pour devenir un enjeu assumé du développement durable.
Ainsi, dès la Déclaration de Stockholm, le principe 8 dispose que : « Le développement
économique et social est indispensable si l'on veut assurer un environnement
propice à l'existence et au travail de l'homme et créer sur la terre des conditions
nécessaires à l'amélioration de la qualité de la vie »32
. Le travail humain est donc
présent dès Stockholm, avant Brundtland et donc dès l'origine bien qu'il ne fasse
pas l'objet d'un traitement comparable à l'environnement. Il ne semble pas érigé
comme un impératif auquel l'économie doit se soumettre pour assurer un développement
durable. Il est, au contraire, pensé avec l'économie comme un argument
afin de contrebalancer l'impératif environnemental au nom du développement
économique et donc du développement de moyens de subsistance pour l'homme.
489. Au-delà de l'évocation, certains aspects institutionnels témoignent de la
conscience des instances onusiennes de la place du travail, comme l'une des clés
de voûte du développement durable. La présence des syndicats en tant que représentants
des travailleurs dans le cadre du suivi de l'agenda 21, adopté à la première
conférence de Rio, atteste par exemple de cette conscience. Le chapitre 29
du document final s'ouvre par les éléments suivants : « Les syndicats qui les représentent
ont un rôle capital à jouer en vue de faciliter la réalisation d'un développement
durable, pour plusieurs raisons : (...) l'importance prépondérante qu'ils
attachent à la protection du milieu de travail et de l'environnement naturel qui s'y
rapporte ; leur action en faveur d'un développement équitable sur le plan social et
économique. Grâce aux réseaux qu'ils ont tissés entre eux et au nombre élevé de
leurs adhérents, ils représentent un moyen important de divulguer la théorie du développement
durable et d'en soutenir la mise en pratique. »33
. Cette volonté d'associer
les représentants des travailleurs sera confirmée dans une résolution ultérieure qui
enjoindra, au nom du principe de participation, à largement associer, dans un
dialogue interinstitutionnel, les États, les organisations internationales et les
32. Principe n° 8 de la Déclaration de Stockholm sur l'environnement humain, Rapport de la
Conférence des Nations unies sur l'Environnement humain, New York, 1972.
33. Chapitre 29 de l'Agenda 21 adopté à l'issue du Sommet de la Terre, de Rio en juin 1992.

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