Bibliothèque de droit social - Tome 84 - Les rapports de travail mobiles - 30

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LES RAPPORTS DE TRAVAIL MOBILES
hiérarchique. Toutefois, l'exigence de coordination a toujours été présente dans
les entreprises. Elle tend même à devenir centrale. L'intérêt pour les organisations
informelles ou incomplètes provient de ce que la mise en place effective de
coordinations conditionne leur capacité à être des alternatives à la vision orthodoxe
de l'organisation bureaucratique.
Les sciences sociales relatives aux organisations et au travail ont mis en évidence
le double aspect de ces exigences de coordination. Les unes concernent les
travailleurs. L'évolution des modèles d'organisation implique à la fois une autonomie
plus grande des travailleurs, réputée adaptée aux exigences de flexibilité
engendrées par la mondialisation116
tions entre ceux-ci117. Les autres concernent les entités productives. À cet égard,
.
, et des nécessités plus importantes d'interacun
consensus émerge autour de l'idée selon laquelle les entités d'ensembles organisés,
distincts du modèle fondateur de l'entreprise fordienne intégrée, n'entretiennent
pas des relations de marché118
Du fait de leur importance, d'autres travaux ont mis en évidence les ressorts
de ces activités de coordination.
2. La teneur de la coordination
28. Dans des domaines spécialisés tels que l'économie des organisations119
ou la sociologie des organisations, la coordination est présente à travers l'économie
des grandeurs120
ou la théorie des conventions121
.
. Dans ces travaux, deux
traits caractérisent la coordination : elle résulte d'une situation d'incertitude ; elle
implique l'existence de « cadres communs ». Ces aspects ont été particulièrement
mis en valeur par un courant de pensée, l'« économie des conventions »122
116. Par opposition à la division des tâches dans le modèle taylorien.
117. F. SIX et X. VAXEVANOGLOU, « Introduction », in Les aspects collectifs du travail, 1993,
Octarès, Toulouse.
118. V. G. CRAGUE, C. PARADEISE, J.-Cl. THOENIG, G. TEUBNER et M.-L. MORIN,
« La responsabilité à l'épreuve des nouvelles organisations économiques », Sociologie du travail 2012,
p. 1 s., spéc. G. TEUBER.
119. L'économie des organisations se donne pour ambition d'« éclairer un ensemble de
problèmes ignorés par les économistes » C'est-à-dire « les relations d'ordre et d'autorité, les
phénomènes hiérarchiques, les relations entre organisations de grande taille et leurs incidences sur
la structure de l'économie... » (Cl. MÉNARD, L'économie des organisations, La Découverte, 1990).
120. V. L. BOLTANSKI et L. THÉVENOT, De la justification. Les Économies de la grandeur,
Gallimard, 1991.
121. L'idée générale est que pour qu'il y ait échange et coordination, il est nécessaire qu'il y ait
des « conventions » entre les « personnes » concernées. Sur la terminologie de la « personne »,
v. l'observation d'H. AMBLARD, P. BERNOUX, G. HERREROS, Y.-Fr. LIVIAN, Les nouvelles
approches sociologiques des organisations, 3e
éd., 2005, p. 76 : « Les auteurs utilisent rarement les
termes d'agents ou d'acteurs pour désigner les individus dont ils parlent. Préférant la notion de
« personnes », ils entendent ainsi se situer à égale distance de la sociologie de la domination
(privilégiant l'agent, comme dans les travaux de P. Bourdieu) ou de l'analyse stratégique (centrée sur
la notion d'acteur, comme y invite M. Crozier) ».
122. Fr. EYMARD-DUVERNAY, O. FAVEREAU, A. ORLÉAN, R. SALAIS et
L. THÉVENOT, « Valeurs, coordination et rationalité. L'économie des conventions ou le temps de la
réunification
dans les sciences économiques, sociales
et politiques », oct. 2003 : www.
parisschoolofeconomics.com/orlean-andre/depot/publi/ART2004tVALE.pdf. L'on doit à ce courant
économique français (qui, avec la théorie de la régulation économique, est un courant dit
« hétérodoxe »), et aux échanges interdisciplinaires qu'il a suscités, d'avoir approfondi la notion de
coordination. Dépassant une théorie du marché, pour s'intéresser à d'autres univers organisés, et
surtout institués, l'entreprise est replacée au cœur de la théorie économique. Il est tenu compte du
contexte des actions en raison d'une « endogénéité » des organisations productives. Autrement dit, les
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