162 Proposition de règlement du 21 avril 2021 fonctionnement du système d'IA à haut risque ou d'interrompre ce fonctionnement au moyen d'un bouton d'arrêt ou d'une procédure similaire ». Que penser de ces diverses manifestations du « contrôle humain » ? Sont- elles de nature à prévenir effectivement la déshumanisation dont l'intelligence artificielle est porteuse ? L'objectif poursuivi par la proposition de règlement et en particulier par cet article 14 est remarquable et l'initiative doit être saluée. On peut néanmoins regretter des obligations souvent trop générales à l'effectivité incertaine. Le texte fait le choix d'une méthode qui s'apparente à celle de la compliance. Il énonce un objectif, à charge pour le débiteur de la norme de s'y conformer, d'une manière ou d'une autre. Il est sage de ne pas imposer des règles trop strictes et précises qui seraient difficilement compatibles avec le fonctionnement de l'intelligence artificielle. On peut aisément admettre que les spécificités de l'intelligence artificielle supposent de repenser parfois la manière même d'élaborer la règle de droit. Néanmoins, les risques générés par cette technologie sont si importants que l'on ne saurait se satisfaire de règles à la substance si incertaines. *** À bien des égards, la proposition de règlement est ambitieuse. L'objectif de « contrôle humain » l'est tout autant, mais sa mise en œuvre gagnerait à se préciser en vue d'écarter plus efficacement le risque de déshumanisation. Cet objectif est majeur et le droit doit contribuer à sa mise en œuvre. Le principe de « contrôle humain » ici envisagé peut participer à la construction d'un droit humaniste de l'intelligence artificielle mais ne saurait se suffire à lui- même. Par ailleurs, le droit n'est pas le seul levier à même de lutter contre les risques de déshumanisation suscités par l'intelligence artificielle. Ce risque trouve pour partie sa source dans l'opacité de l'intelligence artificielle et l'asymétrie informationnelle à laquelle elle donne lieu. Moins l'utilisateur du système informatique en comprend le fonctionnement, plus il est enclin à laisser la machine se substituer à sa propre action. Aussi, l'éducation et la formation doivent être mobilisées pour s'assurer d'un contrôle effectif de l'intelligence artificielle. In fine, les dangers de l'intelligence artificielle trouveront à l'évidence un remède dans l'intelligence humaine.