Hors collection - La principauté de Monaco - 2e - 35

Le sens d'une histoire : la conquête de l'indépendance et de la souveraineté 25
Le Conseil National rejoint publiquement ce sentiment. Louis II confie alors à
son gendre, le Prince Pierre, la responsabilité d'une commission spéciale chargée
d'étudier les questions aussi bien politiques et constitutionnelles qu'économiques.
Une de plus. En janvier 1929, les élus du Conseil National démissionnent, en
bloc cette fois- ci, Louis II suspendant alors la partie législative de la Constitution
avant de la rétablir le 15 avril, après avoir reçu les membres démissionnaires de
l'ancien Conseil National. Puis la Princesse héréditaire Charlotte, désignée comme
médiatrice par le Prince, informe le 11 septembre 1929 une délégation d'élus
qu'une de leurs revendications majeures sera satisfaite : la priorité d'emploi le sera
en réalité bien des années plus tard.
L'opposition, qui reste pourtant divisée entre Eugène Marquet et Louis
Aureglia, ne désarme pas. Les élections communales du 30 mars 1930 connaissent
un taux de participation « historique », plus de 83 %, soit 671 votants sur 810,
voyant la « victoire » d'une liste Marquet- Bonaventure, liste qui remportera de
même les élections au Conseil National le mois d'après. Mais la confusion et
les divisions sont telles au sein des Assemblées que le Prince les dissout toutes
deux. De nouvelles élections communales sont organisées. Malgré le succès de
la liste Marquet, le scrutin consacre en réalité l'avocat Louis Aureglia, véritable
penseur de la réforme constitutionnelle et réputé comme le vrai chef de l'« opposition
», qui deviendra par ailleurs Maire de Monaco, sans discontinuité, de 1933
à 1944. Il développe un petit mouvement : l'Union démocratique monégasque.
Le 28 septembre 1930, des manifestations ont lieu et une délégation est envoyée
au Prince. Elles deviennent régulières. Le 22 décembre 1930, fait exceptionnel, on
entend des sifflets lors de l'arrivée du Prince à la gare de Monaco à la suite d'une
manifestation confuse. Le 26 décembre, en représailles, il suspend à nouveau la
Constitution. Le 5 novembre 1931, il crée une assemblée de notables nommés
par lui en lieu et place du Conseil National. Dans un ordre du jour du 31 janvier
1933, les anciens conseillers nationaux et communaux « expriment le vœu unanime
de voir la personne du Prince reprendre sa place respectée et honorée au- dessus des
partis, dans un sentiment d'égale sollicitude pour tous et de considération envers les
représentants librement choisis par son peuple » et réclament le rétablissement de la
Constitution dans l'attente de sa révision dans un sens libéral. Celle- ci est rétablie
le 19 mai 1933, mais sans évolution institutionnelle. L'opposition se rassemble
et remporte les élections de 1933, avant de se diviser de nouveau en 1937, en
réclamant toujours une révision de la Constitution.
Dans un contexte économique très difficile, Louis II, par ordonnance du
18 juillet 1934, accorde la priorité d'emploi aux Monégasques dans les services
publics (à l'exception de ceux énumérés par la Convention entre la France et
Monaco du 28 juillet 1930 et concernant les fonctions de souveraineté) ainsi que

Hors collection - La principauté de Monaco - 2e

Table des matières de la publication Hors collection - La principauté de Monaco - 2e