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La Principauté de Monaco
16 octobre 2017 relative au financement des campagnes électorales qui en assure
désormais le plafonnement.
Comparée aux autres démocraties, la vie politique monégasque a aussi ses
particularismes, au premier rang desquels figure le nombre d'électeurs. Lors des
premières élections au Conseil National, le 23 avril 1911, on compte 524 votants
sur 629 inscrits. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, lors des élections
de juin 1937, on compte 631 votants sur 879 inscrits. En janvier 1958, ils
sont 1 216 inscrits et 982 votants. L'instauration du suffrage universel féminin
en 1962 a permis de doubler le nombre d'électeurs. Il a également augmenté
depuis 2002 par l'effet de l'abaissement à 18 ans de l'âge pour voter et grâce à
la suppression de la condition d'ancienneté de cinq années dans la nationalité
monégasque pour voter (pour être éligible) : 3 096 inscrits et 2 372 votants lors des
élections de février 1963, 4 931 inscrits et 3 591 votants en 1998 et 6 824 inscrits
et 5 088 votants en 2013, 7 245 inscrits et 5 097 votants en 2018. Le droit de
vote étant réservé, comme dans les autres démocraties, aux nationaux, la majorité
absolue des suffrages exprimés (261 en 1911, 483 en 1962, 2 368 en 2008)
représente moins de 10 % de la population. Si la Principauté était un régime
parlementaire, un très faible écart de voix suffirait donc à créer ainsi une majorité
précaire de gouvernement.
Cette faiblesse numérique, les Monégasques en ont une conscience aiguë. Elle
est aussi la toile de fond et permet de relativiser, mais également de comprendre
le caractère parfois passionnel de leurs relations avec le Prince, chef de la famille
dans les deux sens du mot, lors des « crises » politiques qui ont eu lieu entre 1911
et 1962. Et inversement : « Les Monégasques sont politiquement unis quand l'atmosphère
est trouble et que l'aiguille est à l'orage. Ils sont généralement divisés dans
les périodes de calme » écrit Louis Aureglia en 1952, traitant dans un article de
l'« aspect psychologique du Peuple Monégasque » (cité par Félicitas Guillot, Reflets
d'un siècle de vie publique monégasque, Serre Éditeur, 2010, p. 175). Il existe ainsi
un fort sentiment d'unité et d'identité nationale autour du Prince, perçu par
exemple au moment de la sécession de Roquebrune et Menton, lors de la Seconde
Guerre mondiale, de la crise franco- monégasque de 1962 et récemment lorsque le
Conseil de l'Europe a pu émettre un jugement sur les institutions monégasques.
Suffren Reymond, dans sa Première lettre aux électeurs du 30 mars 1918, écrivait :
« Quel est donc celui d'entre nous qui ne comprendra que, par suite de notre faiblesse
numérique, nous n'avons qu'un moyen de conserver cette indépendance à laquelle nous
tenons par- dessus tout : c'est de demeurer unis dans l'avenir comme nous l'avons été
dans le passé. » (phrase citée par Félicitas Guillot, Reflets d'un siècle de vie publique
monégasque, op. cit., p. 174).

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