122 Finances publiques et inégalités territoriales au Maroc IV - LES FONDEMENTS D'UNE RECONSIDÉRATION DE L'APPROCHE Le retard accusé dans le développement de certaines régions est attribuable à une série de facteurs dont notamment ceux liés à l'inégalité de la répartition spatiale de l'infrastructure économique et sociale et de l'investissement public et privé dans le capital humain. La poursuite de ce schéma d'investissement risque de creuser les disparités régionales dans des domaines aussi fondamentaux que la capacité des populations à investir dans les ressources humaines et à acquérir les aptitudes professionnelles indispensables à l'insertion dans le marché du travail et la protection contre la dégradation des niveaux de vie. Il convient de préciser que le développement ne peut se faire sans tenir compte des différentes dimensions et composantes du territoire, ce qui a pour corollaire des réflexions centrales sur son rôle dans la dynamique économique et dans l'éradication du phénomène des inégalités territoriales interrégionales. Aussi, le territoire constitue toujours un point de départ de nouvelles activités et de technologies ; il est alors un élément essentiel dans le renouveau de l'analyse des processus d'industrialisation, et par- là une dimension contribuant au renouvellement de la pensée de l'économie du développement. Le territoire est le point de rencontre entre les acteurs du développement. Il est aussi le lieu où s'organisent volontairement ou de manière spontanée les formes de coopération entre les différents agents. Ces données ont conduit à une reconnaissance de la dimension territoriale locale et l'importance de son intégration dans les schémas de développement. Ainsi, le territoire est perçu comme l'échelle adéquate pour concrétiser le développement. La Constitution de 2011 et la nouvelle loi organique des finances 130-13 ont mis en exergue l'importance de l'atteinte de la performance de l'action publique avec comme trame de fond la nécessaire institutionnalisation de l'évaluation des politiques publiques. Le NMD de son côté est porteur d'une nouvelle vision sur le rôle des territoires, espaces de conception des politiques publiques avec l'État et lieu de leur mise en œuvre réussie. Cette vision consacre ainsi la place centrale des territoires comme source de création des richesses matérielles et immatérielles, d'éclosion de la démocratie participative et d'ancrage des principes de la durabilité des ressources et de leur résilience face aux effets du champ climatique. Pour favoriser l'émergence de territoires prospères résilients et durables, la commission préconise cinq choix stratégiques, dont faire émerger un « Maroc des régions » prospère et dynamique dont l'aboutissement nécessitera une consolidation des ressources financières des collectivités territoriales, leur diversification et leur mutualisation.