Hors collection - Les grands défis des finances publiques du XXIe siècle au Maroc et en France - 187

Gilles Carrez
179
contrôler les effets sur l'économie de la création monétaire. Et elles ont un objectif
indicatif de l'ordre de 2 % s'agissant d'un maximum d'inflation tolérable.
Aujourd'hui où l'inflation est largement supérieure à 2 %, où les économistes
ont estimé, dans un premier temps, que c'était un phénomène temporaire, mais
sont en train de revoir leur analyse, je crois que ce n'est pas un phénomène
temporaire. Donc, avec une inflation durable les règles d'une politique monétaire
accommodante vont devoir être resserrées.
Je n'ai pas le temps dans cette intervention de décrire l'extraordinaire efficacité
de la politique monétaire de la BCE qui, grâce à des achats massifs de dettes
souveraines des États de la zone euro sur le marché secondaire, permet de maintenir
les taux d'intérêt à un niveau très bas. Je ne peux pas évoquer non plus, faute de
temps, le remarquable travail de notre Agence France Trésor qui, vous le savez,
gère les émissions de dette nouvelle de l'État français. Cette agence a su optimiser
la gestion de l'encours de notre dette nationale.
Mesdames, Messieurs,
Malgré l'habileté, malgré le discernement des politiques conduites par la BCE
et les agences nationales du Trésor, les responsables politiques ne doivent plus
compter sur les facilités d'un endettement public quasi gratuit et sans limite.
Contrairement à ce que certains affirment en France, voire ailleurs, une dette
publique, même une dette publique détenue par une banque centrale, doit se
rembourser.
Au- delà des techniques financières les plus sophistiquées, l'enjeu de la dette,
c'est d'abord l'enjeu de la confiance de celui qui la détient, de la confiance du
prêteur. Quand la confiance s'effrite, le coût de la dette s'accroît. Quand la
confiance s'effondre, le coût de la dette s'envole et emprunter devient impossible.
Les centaines de défauts, de banqueroutes d'État, partout dans le monde depuis
un siècle sont là pour le prouver. Et de très nombreuses études ont été consacrées
à ce sujet avec toujours la même évidence : la brutalité du phénomène de perte de
confiance et de la survenue des crises financières.
La mise en place du Fonds monétaire international a, certes, amélioré le traitement
des crises ponctuelles. Mais elle n'a pas évité les drames économiques,
sociaux, humains, subis par les pays concernés.
Alors pour conclure, s'agissant de la France dont la signature, je le rappelle, est
depuis toujours une des meilleures au monde, notre dette publique ne doit plus
augmenter au- delà du plafond que nous atteignons aujourd'hui de 115 % du PIB.
Je reconnais volontiers que ces pourcentages par rapport au PIB ont un aspect
un peu arbitraire. Pourquoi, par exemple, avoir retenu le plafond de 60 % dans le
traité de Maastricht mettant en place l'euro ? Le Japon, on le cite souvent, a depuis
longtemps une dette publique supérieure à deux fois son PIB.

Hors collection - Les grands défis des finances publiques du XXIe siècle au Maroc et en France

Table des matières de la publication Hors collection - Les grands défis des finances publiques du XXIe siècle au Maroc et en France