Hors collection - Les grands défis des finances publiques du XXIe siècle au Maroc et en France - 64

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Vieillesse et financement des retraites
Le premier sujet, c'est de repousser l'âge de départ à la retraite. Il y a un
consensus scientifique mais pas syndical là- dessus. Or, dire qu'on n'a pas à repousser
l'âge de départ à la retraite, ce n'est pas raisonnable au regard de la situation actuelle.
Pour autant, en disant cela, on ne règle pas du tout le problème, parce qu'on
oublie que rien n'est organisé pour l'employabilité des seniors et je voudrais faire un
focus sur ce point. Il est certes capital, et ce n'est pas l'ancien Ministre du Budget
qui va vous dire le contraire, de mettre l'accent sur la contradiction que j'ai évoquée
tout à l'heure, entre la durée de l'espérance de vie qui s'allonge, la durée du temps
à la retraite, et la durée du temps de cotisations qui est insuffisant par rapport à
l'impasse budgétaire. Mais pour autant, le vrai problème pour moi c'est qu'on ne
peut pas prétendre à l'infini augmenter l'âge de la retraite et ne pas organiser notre
économie pour que les seniors puissent avoir un travail. Sinon nous allons allonger
les cohortes de demandeurs d'emploi. Ce point, je le partage volontiers avec mes
amis marocains, parce que vous aurez, d'une manière ou d'une autre, à réfléchir
vous aussi aux impasses démographiques auxquelles, même dans des proportions
différentes, vous serez confrontés. Vous allez être face à la même difficulté de faire
une réforme des retraites digne de ce nom, laquelle commande une réorganisation
complète de notre économie, que ce soit dans l'entreprise ou dans l'administration,
pour faire en sorte que l'employabilité de ceux qui ont plus de cinquante- cinq à
soixante ans aujourd'hui, soit une priorité absolue. Cela passe par des débats que
nous n'avons pas eus jusqu'à présent et qui sont absolument essentiels.
Le premier de ces débats : qu'est- ce qu'on pourrait faire faire dans une entreprise
à quelqu'un qui a plus de cinquante- cinq à soixante ans, sachant qu'aujourd'hui
les exigences de productivité, de compétitivité sont considérables. Quand on est
plus jeune, on est plus à l'aise par exemple que le senior dans l'univers numérique
qui est désormais le nôtre, mais on est surtout moins coûteux en salaire et charges.
Il y a donc évidemment un sujet de formation, un sujet de sensibilisation qui
concerne aussi bien l'employeur que l'employé, et le tout bien entendu, à tous les
niveaux de générations. D'autant plus que nous avons aujourd'hui des jeunes générations
qui n'ont pas nécessairement le même réflexe que celui que nous pouvions
avoir quand nous- mêmes étions plus jeunes : il y a évidemment des risques de
tensions à l'intérieur des organisations qui sont loin d'être des sujets négligeables,
dès lors qu'on veut développer un « affectio societatis ».
Il faut donc repenser complètement l'organisation et le temps de travail pour
les seniors si on veut avoir de vraies chances de conserver le taux d'activité, le taux
d'employabilité pour les 55-59 ans et naturellement les 60-65 ans.
Deuxièmement, il va falloir poser clairement le problème du coût du travail
des seniors. En effet, la progression des salaires étant ce qu'elle est, si les pouvoirs
publics, par des incitations fiscales, par des baisses de charges massives et des baisses
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