Les grands concours - Questions sanitaires et sociales - 2e - 241

la protection maternelle et infantile
231
une perte massive de mémoire et de transmission des savoir- faire de prévention. La pénurie de
médecins fait craindre une aggravation de ce phénomène : entre 2010 et 2019, les effectifs de
médecins ont reculé d'un quart (DREES, 2022). En 2019, dans certaines PMI, 50 % des postes
de médecins étaient vacants et on estimait que deux tiers des médecins de PMI atteindraient
l'âge de la retraite en 2020 (Peyron, 2019). La proximité croissante entre la PMI et l'ASE met
également à mal le lien de confiance avec les familles. Des parents évoquent ainsi leur crainte
de placements jugés trop rapides suite à une évaluation insuffisante (Peyron, 2019) et des faits
divers de placements prononcés sur demande de la PMI et non maintenus par le juge sont
régulièrement relayés dans les médias.
2. Les PMI sont marquées par de fortes difficultés de gestion
auxquelles la loi du 7 février 2022 tente d'apporter
de premières réponses
A. Les PMI souffrent d'un pilotage et d'un financement insuffisants
L'insuffisance du pilotage des services de protection maternelle et infantile produit des
services de qualité hétérogène sur le territoire. Selon la députée Michelle Peyron, la PMI
est un acteur de santé géré par une collectivité territoriale qui aurait été « négligée » par l'État
et l'Assurance maladie. Dans son rapport, nombre de PMI regrettent la quasi- inexistence des
relations avec les agences régionales de santé, les caisses primaires d'Assurance maladie (CPAM)
et les caisses des allocations familiales (Caf). Cela empêche la recherche de complémentarités
avec les politiques de santé et de soutien à la parentalité menées par ces acteurs. Au niveau
national, le manque de liens avec la Direction générale de la santé (DGS) et la DREES pèse sur la
connaissance de l'activité, des budgets des PMI et invisibilise leur action comme leurs difficultés.
L'absence de vision stratégique nationale, d'objectifs partagés en termes de taux de couverture
ou encore d'une animation et d'une régulation nationale génère de fortes disparités territoriales
en matière de service rendu. La dépense des PMI par habitant âgé de 0 à 6 ans varie également
de moins de 1 euro à plus de 300 euros par an selon les départements (DGCL, 2017). Le taux
de consultations et visites à domicile par enfant de moins de 6 ans varie lui aussi de 115 ‰ à
944 ‰ avec une forte dispersion entre départements (DREES, 2022).
Au surplus, les budgets dédiés aux PMI sont jugés insuffisants. Leur financement dépend
principalement des conseils départementaux et les PMI peuvent bénéficier de refinancements
des actes des médecins et sages- femmes ainsi que d'une partie du coût des vaccins par l'Assurance
maladie. Toutefois, pour ce faire les départements doivent avoir conventionné avec les
CPAM, ce qui n'était pas le cas de 20 % d'entre eux en 2017. L'Assurance maladie aurait ainsi
consacré 35 millions d'euros aux PMI en 2017, soit 7 % des 500 millions estimés pour leur
fonctionnement (Peyron, 2019). Lors du vote des budgets des conseils départementaux, les PMI
se retrouvent en concurrence avec d'autres dépenses obligatoires qui augmentent rapidement
telles que les allocations individuelles de solidarité (AIS). Entre 2013 et 2017, le budget général
des PMI a accusé une baisse de 4 % et on estime à 25 % la diminution des budgets des PMI
entre 2007 et 2017 (Peyron, 2019). Ce phénomène génère un effet ciseau : les missions des
PMI se sont accrues mais les moyens nécessaires à leur réalisation diminuent. Globalement, le
modèle économique des PMI pour absorber les objectifs qui leur sont assignés sans pénaliser

Les grands concours - Questions sanitaires et sociales - 2e

Table des matières de la publication Les grands concours - Questions sanitaires et sociales - 2e