Droit des affaires - Insolvabilité des États et dettes souveraines -1 - 190

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Les remèdes

théorie et les marchés, a lourdement failli. Alan Greenspan, par exemple, champion de l’autorégulation – un comble pour un régulateur – et des marchés efﬁcients – alors qu’il était loué par la qualité de sa politique monétaire, mais si les marchés sont efﬁcients, ils n’ont pas besoin de politique – dira, devant le Congrès américain, l’état de sidération dans lequel la crise l’avait plongé. Pourtant il soulignait encore, en mars 2008, que les réformes futures ne devaient pas inhiber les « garde-fous les plus efﬁcaces et les plus solides contre les crises économiques : la ﬂexibilité des marchés et la libre compétition » 18. Car l’interrogation sur l’information surgit de façon aiguë dans des conditions historiques déterminées : celle d’une « crise » que beaucoup n’hésitent pas à comparer à celle de 1929. Or la question de la thérapeutique ne se pose qu’après celle du diagnostic. Il faudrait donc commencer par analyser le phénomène avant que de proposer des solutions éventuelles. Si une action immédiate se comprend bien, car il fallait sauver les banques et donc le système ﬁnancier, les solutions aujourd’hui discutées ou déjà adoptées manquent plutôt d’envergure. Le mécanisme du marché ne serait pas en cause, mais les acteurs qui auraient manqué à la morale ou n’auraient pas disposé des informations indispensables à l’exercice de la rationalité économique en raison de l’opacité des produits. Pourtant la crise peut également être analysée dans une perspective beaucoup plus profonde : à une crise bancaire et ﬁnancière se superpose une crise du ﬁnancement mondial, mais aussi une crise du modèle de croissance voire une crise du système productiviste 19. La crise bancaire et ﬁnancière est manifeste 20. Dans son aspect le plus spectaculaire, elle apparaît comme la conséquence d’une surexposition des banques au crédit hypothécaire, sur le marché des prêts subprimes, des prêts accordés à une clientèle peu solvable, donc des prêts risqués. Les banques qui accordaient ces prêts connaissaient parfaitement le risque. Elles procèdent à la titrisation des créances aﬁn de s’en débarrasser. Ces créances douteuses se diffusent à l’ensemble des titres complexes qui en comportent une part, plus ou moins
18. E. COHEN, préc., p. 373. 19. La littérature, on l’a dit, est trop abondante pour être rapportée ici de façon exhaustive. Certains ouvrages ne sont pas d’un grand intérêt et tentent de proﬁter d’un mouvement de mode, J. ATTALI, Tous ruinés dans dix ans ? Dette publique : la dernière chance, Fayard, 2010 ; Ph. DESSERTINE, Ceci n’est pas une crise (juste la ﬁn d’un monde), Éditions Anne Carrière, 2009. Certains autres étudient essentiellement l’aspect ﬁnancier de la crise, outre E. COHEN, on pourra consulter avec proﬁt C. M. REINHART et K. S. ROGOFF, Cette fois c’est différent. Huit siècles de folie ﬁnancière, Pearson, Paris 2010, éd. originale, Princeton University Press, 2009 et le Rapport du Conseil d’analyse économique, La crise des subprimes, La Documentation française ; dans une perspective plus étendue, Le cercle des économistes, Fin de monde ou sortie de crise, P. DOCKÈS et J.-H. LORENZI (dir.), Perrin, 2009 ; F. LORDON, La crise de trop. Reconstruction d’un monde failli, Fayard, 2009 ; J.-P. PAGÉ, Penser l’après-crise. Tout est à reconstruire !, Éditions Autrement, 2009. 20. Outre la bibliographie citée ci-dessus, voir A. ORLÉAN, De l’heuphorie à la panique : penser la crise ﬁnancière, Éditions rue d’Ulm, Paris, 2009.

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