Droit des affaires - Insolvabilité des États et dettes souveraines -1 - 191

Le marché de la dette souveraine

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importante. Le risque se répand dans l’ensemble du système bancaire et ﬁnancier mondial. Le bilan des banques se dégrade brutalement. Une gamme très large d’actifs se trouve affectée. Ce que révèle cette crise, c’est un changement de modèle bancaire. Traditionnellement, les banques servaient d’intermédiaire entre les dépôts de leurs clients et les prêts qu’elle leur accorde. La banque ﬁnance les entreprises. L’autre mode de ﬁnancement des entreprises, c’est le marché, la bourse. Le recours direct au marché pour ﬁnancer l’économie a déstabilisé le système bancaire. Dans leur activité de collecte de dépôts, l’épargne se détourne des banques au proﬁt des nouveaux instruments d’investissement plus rentables. Aux États-Unis, la part des dépôts bancaires dans les actifs du secteur ﬁnancier passe de 50 % en 1980 à 25 % en l’an 2000. Les banques ont été menacées dans leur fonction d’octroi de crédit du fait du recours direct au marché par les entreprises. La solution pour les banques a été de se convertir en courtiers des marchés ﬁnanciers. Les banquiers ont ajouté à leurs activités traditionnelles, l’activité de cession de crédit en convertissant les crédits en titres négociables et en les diffusant sur les marchés ﬁnanciers. Celui qui achète cette obligation ignore, le plus souvent, la nature des actifs qui la garantissent. Le système repose sur la conﬁance. Conﬁance dans l’émetteur du titre ; conﬁance dans les agences de notation chargées, en théorie, de la notation de ces titres en fonction de leur risque ; conﬁance, enﬁn, dans la compagnie d’assurances qui peut couvrir le risque. Mais surtout, ces titres risqués produisent une très grande rentabilité. Tous les intéressés au marché avaient intérêt à la poursuite de la hausse, depuis les acquéreurs de logements, jusqu’au détenteur du titre ﬁnal. Ils sont acquis par des investisseurs ﬁnanciers, mais aussi par des banques qui, elles, connaissaient parfaitement le risque. Autrement dit, l’argument de l’opacité, ou de l’information, comme on voudra, comme cause principale de la crise tombe à plat. Dans un climat d’euphorie partagée par tous, tous, même l’investisseur ﬁnal, trouvent leur intérêt aux incitations à la poursuite de la bulle, comme l’inﬂation des notes attribuées par les agences de notation 21. Comment le système survit-il alors que les banquiers, paraît-il, fuient le risque ? Tout simplement par l’intervention de « l’aléa moral », comme disent les économistes. L’aléa moral c’est l’encouragement à la prise de risque provoqué par l’existence d’une assurance en cas de réalisation de ce risque. Les banques peuvent prendre des risques excessifs. Elles savent que, quoi qu’elles fassent, elles bénéﬁcieront de l’assistance d’un « prêteur en dernier ressort », l’État ou, plus exactement, le contribuable.
21. Id., p. 65.

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