Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°68 - Février 2019 - 17

11e programme :
5 priorités sur 6 ans
* Le bon état des masses d'eau
* L'adaptation au changement
climatique
* La reconquête de la biodiversité
* La solidarité avec les territoires ruraux
* La protection de la santé publique
Consommateurs

© DR

Des redevances
plus équilibrées

Agriculteurs

Un accompagnement
au changement

C

«

e n'est pas parce qu'une
enveloppe importante
est fléchée vers le monde
agricole, que celui-ci
serait plus concerné que les autres
par ce 11e programme »,
souligne Éric Rodez, viticulteur,
vice-président de la chambre
départementale d'agriculture
de la Marne et président
du groupe de travail Eau
et Agriculture de la C3P,
qui rappelle que 60 % de la
superficie du bassin est dédiée
à la production agricole.
« Nous n'arriverons à relever
les défis que si nous travaillons
tous ensemble, aussi bien
les agriculteurs que les collectivités
ou les simples citoyens. Et nous
devons les relever, ne serait-ce
que par empathie pour la société
qui nous porte », poursuit-il,
en soulignant à la fois l'urgence
des actions à mener et leur
complexité. « En tant qu'homme,
je suis convaincu que nous
n'avançons pas assez vite.
Depuis trente ans, je m'oriente
vers des pratiques vertueuses,

en pratiquant une viticulture
biologique et biodynamique.
Mais je commerce avec quarante
pays et j'ai donc un bilan carbone
déplorable. Il n'est pas simple de
concilier la nécessaire protection
de l'environnement, les impératifs
économiques et l'acceptabilité
sociétale du changement.
En tant que maire, en tant que
responsable professionnel, je sais
que, malgré l'urgence, il faut
prendre le temps d'accompagner
ce changement. C'est ce que
propose le 11e programme.
Pour qu'il soit vraiment efficace,
il devra cependant savoir, dans
son application, faire preuve
de souplesse et d'adaptation.
Au-delà du 11e programme
et du monde agricole, c'est à
l'ensemble des acteurs de la société
de redoubler d'efforts face à
l'accélération de la détérioration
de l'environnement. »

J'

«

ai participé à l'élaboration du 11e programme
en tant que membre de la C3P où je représente
les consommateurs », rappelle Isabelle Gaillard,
qui est aussi vice-présidente de l'union
départementale des associations familiales de l'Essonne.
« Cela fait longtemps que nous demandions un rééquilibrage
des taux de redevances entre les différents usagers. Nous nous
réjouissons que, pour la première fois, le taux applicable aux
usagers domestiques diminue. Rien ne garantit cependant que
cela se traduise mécaniquement par une baisse de la facture
d'eau : nous ne contrôlons pas les redevances d'assainissement
prélevées par les communes. Or certaines d'entre elles n'ont pas
provisionné d'argent pour le renouvellement de leurs réseaux
vieillissants, et les gros travaux qu'elles devront réaliser
impacteront le prix de l'eau pour les usagers de ces collectivités »,
analyse-t-elle. Isabelle Gaillard se réjouit aussi que ce
programme maintienne les aides de l'agence à la mise aux
normes de l'assainissement individuel dans les zones à
enjeux. « Les associations de consommateurs et les associations
de protection de l'environnement s'efforcent de faire
évoluer la position de l'État sur l'assainissement
autonome, qui peut s'avérer, dans certains
contextes, une solution à la fois moins chère
et plus efficace que l'assainissement
collectif. Nous plaidons pour un service
unifié de l'assainissement. La
collectivité devrait prendre en charge
la solution la plus performante »,
poursuit Isabelle Gaillard.
Tout en déplorant les ponctions
de l'État sur les redevances
perçues par l'agence de l'eau,
elle conclut en soulignant que
ce 11e programme, « Eau et
Climat », doit être celui de la
mobilisation générale pour
sauver l'eau et s'adapter au
changement climatique. 

FÉVRIER 2019 -

© David Delaporte / Andia.fr

-

17
http://www.Andia.fr
Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°68 - Février 2019

Table des matières de la publication Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°68 - Février 2019
