Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°68 - Février 2019 - 30

N AT U R E E N F Ê T E

Chabot.

Entre 2013 et 2017, plus de 700
soit la moitié du linéaire total
des fleuves côtiers normands,
ont été rendus accessibles pour
les salmonidés migrateurs.

km,

Heureux comme des poissons dans
une eau propre !
Autant de facteurs sur lesquels l'agence de l'eau s'implique
particulièrement, aux côtés des acteurs locaux. Mais avant
d'agir, il faut bien connaître : tous les six ans, à partir des
dernières données scientifiques et naturalistes, l'agence
dresse donc un état des lieux de la santé du bassin, qui lui
permet d'ajuster les actions à mener par la suite. Ce sont,

RARE OU ORDINAIRE ?
On parle souvent des espèces remarquables, qui
font l'objet de mesures de protection particulières
pour leur fragilité, parce qu'elles sont
emblématiques d'une région ou que leurs
caractéristiques sont exceptionnelles... On parle
moins des espèces communes, ces familles
plus « ordinaires » tout autant menacées par
l'altération de la qualité de l'eau et des milieux,
et par le changement climatique. Qui sont-elles ?
Par exemple, les membres de la grande famille
des cyprinidés (carpes, goujons, vairons), le gardon
(Rutilus rutilus), le chabot (Cottus gobio) certains
salmonidés comme la truite de rivière ou encore
le brochet (Esox lucius), dont l'habitat et les zones
de frayères sont totalement inféodés aux zones
humides en connexion avec l'expansion de légères
crues de fin d'hiver. Bon nombre d'insectes
aquatiques communs, telles les éphémères, se
trouvent aussi menacés2, tout comme les insectes
terrestres.

Sur la même période, l'agence de l'eau a apporté
286 M€ d'aides à la protection de zones humides
continentales et littorales et à la restauration
de cours d'eau, dont 90 M€ d'aides pour la
restauration de la continuité écologique grâce
à 565 effacements ou équipements d'ouvrages.

entre autres, les travaux sur la continuité écologique, mais
aussi la lutte contre la pollution de l'eau, et l'amélioration
des rejets : « Les efforts menés depuis dix ans pour mettre aux
normes les stations d'épuration ont été très profitables pour les
espèces de poissons les plus sensibles aux variations du milieu,
que ce soit le simple gardon ou la truite fario, raconte Léopold
Sarteau. L'idée est aussi de réduire les matières en suspension
qui, en se déposant sur le fond des cours d'eau, étouffent les œufs
dans les frayères, là où se reproduisent poissons et amphibiens,
en les privant de l'oxygène dissous nécessaire à leur développement. » Quant aux travaux d'entretien et de restauration
des milieux naturels, ils sont aussi indispensables au maintien des espèces menacées qu'au retour des espèces disparues. Et ce pour de nombreux milieux : aquatiques, littoraux, mais aussi humides et terrestres, « car il y a entre ces
espaces une interconnexion complète ». La santé des écosystèmes est donc sous bonne garde... D'autant plus que « le
11e programme de l'agence renforce encore les actions en faveur
de la biodiversité, en en faisant l'un des principaux enjeux ». Si
22 % des espèces de poissons d'eau douce et 23 % des amphibiens restent menacés en France1, Léopold Sarteau reste
optimiste : « En trente ans, dans la Seine à Paris, nous sommes
passés de 6 espèces de poissons recensées dans les années 1970
à 32 aujourd'hui. » Il s'agit donc bien d'une reconquête, liée
aux efforts de tous : collectivités, industriels, entreprises,
monde rural et urbain, largement soutenus par l'agence de
l'eau Seine-Normandie.
Cécile Couturier
1. Source : UICN France et MNHN (données 2016)
2. Liste rouge des éphémères menacées en France (UICN juillet 2018).

- FÉVRIER 2019

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