Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°69 - Decembre 2019 - 9

Dans votre secteur, quels sont les enjeux
principaux de cet état des lieux ? Comment
voyez-vous l'avenir de votre activité ?

E. H. : L'état des lieux va alimenter le prochain SDAGE, il

la nouvelle politique agricole commune qui va se traduire
à l'échelle des régions au travers des nouveaux programmes
de développement régionaux. Il faut que les politiques
publiques soient cohérentes entre elles afin de poursuivre
les dynamiques en cours.
L. S. : Tous les usagers de l'eau doivent parvenir à travailler ensemble. Nous sommes tous parties prenantes des
problèmes ; nous devons être ouverts aux solutions. Nous
devons faire face aux enjeux, notamment à ceux du changement climatique. Il ne sert plus à rien de gagner du
temps : au contraire, le temps joue contre nous et nous
avons un devoir par rapport aux générations futures. Le
SDAGE, en nous indiquant les actions à entreprendre sur
les six prochaines années, doit nous permettre d'accomplir
ce devoir et d'éviter d'entendre un jour nos enfants nous
demander : « Qui sont ces gens qui n'ont rien voulu faire
quand il était encore temps ? ».

doit donc inciter les acteurs à poursuivre leurs efforts. S'il
dresse un tableau trop noir, il va démotiver. Il est important d'avoir des états des lieux à critères égaux pour pouvoir les comparer et constater les progrès, quand il y en a.
En complément des seuils de détection,
on pourrait indiquer les seuils d'écotoxicité, pour avoir un aperçu réel des « La complicité
impacts. L'agriculture n'est pas un pro- des collectivités et
blème, c'est une solution, je le vois nodu monde agricole
tamment sur les bassins de captage. Les
pratiques évoluent, en conventionnel est indispensable
comme en bio, pour intégrer davantage pour apporter des
la question de la qualité de l'eau.
solutions durables. »
L. S. : Pour la pêche en mer et la conchyliculture, l'état des lieux 2019 est alar- Étienne Henriot
mant, surtout en ce qui concerne les
pollutions par l'azote des eaux littorales.
On sait que les temps de réponse sont lents. Si on arrêtait
toutes les pollutions aujourd'hui, il faudrait cinq à dix ans
pour que la qualité soit véritablement restaurée. Les activités professionnelles qui reposent sur la qualité des eaux
littorales sont exposées en outre aux pollutions bactériennes. Les pêcheurs professionnels doivent en plus
s'inquiéter des conséquences à long terme de la surpêche.
Les pêcheurs de loisir, eux, bénéficient d'une amélioration
progressive des cours d'eau. Mais ils doivent s'attendre à
voir évoluer la localisation de certaines espèces en raison
des changements de température. Cet état des lieux très
honnête doit maintenant se traduire par un programme
de mesures réaliste.

Quelle est votre principale attente
pour le SDAGE ?

E. H. : Le programme de l'agence de l'eau permet d'engager

des actions, et grâce aux contrats territoriaux « Eau &
Climat », de mieux faire collaborer entre eux les acteurs à
une échelle pertinente. Le SDAGE devra encore consolider
ces relations, en particulier entre les collectivités et le
monde agricole, qui ont besoin de travailler ensemble.
Leur complicité est indispensable pour apporter des
solutions durables aux enjeux de l'eau mais aussi de la
biodiversité, de la qualité de l'air, et de l'état des sols.
Il sera également nécessaire que le SDAGE s'articule avec

Guillaume Tixier

on note pour les eaux de surface une amélioration sur les
six dernières années. Ce n'est pas le cas pour les eaux souterraines, qui restent dégradées par des produits phytosanitaires essentiellement d'origine agricole. Dans certaines d'entre elles, on continue à relever la présence de
molécules anciennes qui ne sont plus utilisées. Cela nous
oblige à être particulièrement attentifs aux nouvelles molécules, comme celles utilisées pour la culture du colza,
afin d'éviter de reproduire les erreurs du passé.

ÉTIENNE HENRIOT
Membre du comité de bassin
au titre de représentant des agriculteurs,
président de la commission territoriale
Seine-Amont du comité de bassin, membre
élu de la chambre régionale d'agriculture
Bourgogne-Franche-Comté et ancien
président de la chambre d'agriculture
de l'Yonne.

DÉCEMBRE 2019 -

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