Arts&MétiersMag - N°412 - Octobre 2019 - 18

Dossier

L'Europe des batteries
se construit
Au XXIe siècle, les batteries seront aussi essentielles à l'industrie automobile
que l'ont été les moteurs à combustion au XXe siècle. Si l'UE veut demeurer
leader dans le secteur automobile comme dans celui des systèmes d'énergie
propre, elle doit se doter d'une capacité indépendante de développement
et de production de batteries. Avec le «go» officiel de la Commission européenne,
la filière des batteries de quatrième génération a vu le jour.

C

'était en mai dernier. Bruno Le Maire, ministre français
de l'Économie et des Finances, Peter Altmaier, ministre
allemand de l'Économie et de l'Énergie, et Maroš Šefčovič, vice-président de la Commission européenne, donnaient le coup d'envoi formel de la mise en place d'une
filière industrielle européenne des batteries de quatrième
génération. «Notre projet était jusqu'à présent franco-allemand, déclare
en préambule Bruno Le Maire. Il a désormais le soutien stratégique
de la Commission européenne. Cela fait des mois que nous travaillons
avec les industriels qui sont à l'origine de cette initiative pour construire
une filière qui devra intégrer toute la chaîne de valeur : extraction des
minerais, réalisation des cellules et des batteries, intégration aux voitures et recyclage de ces batteries. Nous accordons une importance
cruciale au recyclage et au caractère durable de cette filière.» L'Union
européenne amorce la pompe et promet des subventions publiques.

«Nous avons désormais des financements. Et, pour ce seul projet, ce
seront 5 à 6 milliards d'euros qui seront investis pour construire les
premières lignes de production, 1,2 milliard d'euros d'argent public
au maximum, 4 milliards d'euros environ d'argent privé. Des fonds
structurels disponibles pourront participer à ce financement, développe
le ministre français. Si d'autres projets de batteries devaient voir le jour
en Europe, ce serait des montants considérablement plus importants
qui pourraient être en jeu. Chaque État paiera évidemment pour les
développements qui se feront sur son territoire.»
Deux usines de production et 3 000 emplois à la clé
La France n'a d'ailleurs pas attendu : le président de la République
annonçait, quelques semaines avant, que le pays investirait 700 millions
d'euros pour tous les projets liés à la production de cellules de batterie
sur son territoire. «Cette initiative spécifique, assure Bruno Le Maire,

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L'industrie automobile à plat

18 - Arts&MétiersMag - Octobre 2019

Selon le cabinet AlixPartners, qui a publié en
juin 2019 une étude sur l'électromobilité,
l'industrie automobile est sur le point d'entrer
dans un «désert de profits», car elle subit le
double poids du ralentissement de l'industrie
dans des marchés clés mondiaux et des
dépenses massives consacrées aux programmes
de nouvelles mobilités, à commencer par les
véhicules électriques.
Les dépenses annoncées de l'industrie destinées
à l'électrification vont atteindre 225 milliards
de dollars sur les cinq prochaines années et plus
de 300 modèles de véhicules électriques sont
maintenant produits dans le monde. Le montant

alloué aux technologies destinées aux véhicules
autonomes au cours de la même période
atteindra 50 milliards de dollars. Parmi les
conséquences de cette révolution
technologique, 50 à 60 usines de groupes
motopropulseurs au moins, soit environ 20 % du
total mondial, pourraient avoir besoin d'une
restructuration-reconversion ou être fermées
dans les cinq ans, avec un impact d'environ
10 % sur les effectifs de l'industrie. L'effet de la
baisse rapide du diesel se fait déjà sentir sur
les usines européennes, tandis que les amendes
liées aux émissions de CO2 pourraient atteindre
1,8 milliard d'euros en 2021.
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