Arts&MétiersMag - N°412 - Octobre 2019 - 63

La Thuysse
Patrimoine

La restauration du
tap's de Beaupréau
est achevée
Plus de deux ans après avoir réceptionné le tap's de Beaupréau au
musée de Mécanique naturelle de
Giverny, Gilles Langlois (Bo. 77) a
réussi à lui redonner vie.

ichel Mignot (Cl. 60)
m'avait parlé de
cette pièce vénérable ; puis je l'ai
vue, trônant dans l'abbatiale du Ronceray lors du bicentenaire de la Boquette. J'ai proposé à Jean-Louis
Eytier (Bo. 68) de la restaurer (1).

Le tap's de Beaupréau
vu de l'arrière, côté
mécanisme des quarts.
Rondelle de
bas de lentille :
c'est cette pièce de
monnaie percée qui
règle la longueur
du balancier.

de rotation verticale du balancier.
L'échappement (à l'origine du «tictac») est à roue à demi-goupilles et
bras de côté à palettes. Le comptage
des coups à chaque heure est donné
par un rouage échancré appelé
chaperon. La forme ouvragée du
haut et du bas des colonnes constituant la cage-fer (châssis qui enferme et soutient l'ensemble) est dite
à l'égyptienne (voir ci-dessous).
Une découverte surprenante
La cage-fer était peinte avec une préparation ayant pour pigment du noir
de fumée. Les parties en mouvement étaient simplement polies,
d'où leur oxydation. Les parties en

bois (tige de balancier et tambours),
bien que piquées, ont pu être conservées après traitement.
Il y eut une surprise : la longueur du
balancier (qui donne la période d'oscillation) est réglée par un écrou papillon associé à une rondelle. Celle
d'origine avait été remplacée par une
pièce de monnaie frappée en 1885
qui avait été percée. Cela date donc
la réparation antérieure.
Après cette restauration qui a duré
plus de deux ans, le tap's va rejoindre
la salle du Temps de la ferme de la
Montagne à Liancourt. Au cours du
voyage, elle sera accompagnée d'un
moteur Tosello, qui, lui, a réappris à
faire «teuf-teuf» au cœur du même
atelier du musée de Giverny.
Gilles Langlois (Bo. 77)
Lire aussi AMMag de mars 2015, p. 59,
et découvrez notre reportage
sur http://tv.arts-et-metiers.fr

(1)

PHOTOS G. LANGLOIS

Le plan d'attaque
Depuis 1995, je répare de temps en
temps des horloges, mais c'est la première fois qu'il m'a fallu utiliser un
palan au lieu de brucelles. C'est
pourquoi le démontage et le remontage du tap's de Beaupréau se sont
déroulés au sein du musée de Mécanique naturelle de Giverny (Eure),
qui dispose d'assez de place et des
moyens de levage. Cette opération
a toutefois eu un avantage : nulle
loupe ni œilleton ne furent indispensables ! La restauration s'est dérou-

lée en cinq temps :
étude du système ; démontage et rangement des pièces (un
puzzle en trois dimensions) ; traitement des pièces avec
dérouillage, polissage
et protection ; réfection
ou remplacement des
pièces cassées et manquantes ;
remontage et, enfin, mise au point.
Comme me l'avait précisé JeanLouis Eytier, pour remonter les
poids des mécanismes (mouvement,
sonnerie des quarts à trois cloches
et sonnerie des heures à une cloche),
de plus de 30 kg chacun, on se servait d'une unique manivelle amovible et des trois pignons en cage
d'écureuil. Les calculs ont pu révéler
que le bedeau qui en avait la charge
devait tous les quinze jours gravir
les marches (au moins 17 m de hauteur) avant de réaliser l'opération.
La suspension du balancier est à
deux lames d'acier, un système inventé par l'horloger Le Roy au
XVIIIe siècle. Il évite les oscillations

À droite, le chaperon, rouage échancré qui permet le comptage
des coups à chaque heure, et, à gauche, la détente, levier qui tire
sur le câble du battant de la cloche.

Sur le cadre des quarts, on voit
la forme à l'égyptienne des hauts et
bas des montants.

Les trois pignons de remontage en cage d'écureuil.

Octobre 2019 - Arts&MétiersMag - 63

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