Arts&MétiersMag - N°413 - Novembre 2019 - 39

Hommes&Réalisations

Gros plan sur la turbine
d'un échangeur. Sur la
production d'Enogia,
75 % sont exportés.

PHOTO DR

Innovation

De g. à dr., Nicolas Goubet (Li. 204),
Antonin Pauchet (Li. 205) et Arthur
Leroux (Li. 204), cofondateurs
d'Enogia.

Enogia : mini-turbine,
maxi-énergie

u cours de la Cop 21, fin 2015, Enogia recevait des mains
d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie, le prix
de la «cleantech» (en français de la «technologie propre»)de
l'année. Cette société marseillaise a été cofondée par Arthur
Leroux et Nicolas Goubet, tous deux de la Li. 204, avec Antonin
Pauchet, Li. 205 (1). Les trois gadzarts ont conçu et fabriquent des
machines convertissant la chaleur fatale en électricité selon le principe
du cycle organique de Rankine (ORC). Connue depuis longtemps,
cette technique fonctionne ainsi : un fluide est chauffé, puis vaporisé
grâce à une source de chaleur. La vapeur produite est ensuite détendue
dans une turbine. Grâce à l'alternateur mû par la turbine, l'énergie
mécanique est transformée en énergie électrique. La vapeur détendue
est ensuite condensée pour fermer le cycle thermodynamique et fonctionner en circuit fermé.
Son point fort : la compacité
Dans le cas des machines d'Enogia, la source de chaleur prend souvent
la forme d'un flux d'eau chaude, issu de sources renouvelables telles la
biomasse ou la géothermie, mais également de la chaleur fatale, c'est‑àdire la chaleur rejetée par certains procédés industriels ou par les
moteurs à combustion interne, qu'ils soient stationnaires (groupes
électrogènes) ou de propulsion (transports).
Produisant de l'électricité décentralisée, sans intermittence et bon
marché, les machines ORC sont un vecteur d'efficacité énergétique et
l'une des solutions de la transition énergétique.«Les turbines d'Enogia
sont, à notre connaissance, déclare Nicolas Goubet, les plus petites du

Le 27 novembre
2015, au cours de
la Cop 21, Enogia
recevait des mains
d'Emmanuel
Macron, ministre de
l'Économie, le prix
de la «cleantech»
de l'année.

PHOTO DR

Créée en 2009, la jeune pousse Enogia est aujourd'hui un fleuron
français des technologies propres. Spécialisée dans les turbomachines et la valorisation de chaleur par conversion en électricité,
elle réalise les trois quarts de son chiffre d'affaires à l'étranger.

marché.» Le plus petit modèle n'est guère plus gros qu'une carte Bleue,
alternateur inclus, une prouesse technique qui n'aurait pas été possible
sans la démocratisation récente des aimants au néodyme (aimant
NdFeB) et des composants d'électronique haute fréquence.
Une entreprise prometteuse
Arts & Métiers Business Angels (2) a participé à la première levée de
fonds d'Enogia (3) en 2012, année de la première commande ferme. Le
client ? L'université d'aéronautique et d'astronautique de Nanjing.
«Notre machine, affirme Arthur Leroux, continue aujourd'hui à former
les étudiants chinois, notamment à la thermodynamique.»
Enfin, grâce à la capacité d'Enogia de réduire la taille des turbines ORC,
le groupe Faurecia a pris début 2018 une participation dans la société,
en vue d'évaluer la récupération de la chaleur produite par les gaz
d'échappement et les circuits de refroidissement des automobiles et
véhicules routiers. Un nouveau cycle s'enclenche pour la PME marseillaise, qui emploie aujourd'hui 35 personnes et continue sa progression
fulgurante, avec un taux de croissance annuel moyen de 95 % du chiffre
d'affaires depuis son installation à Marseille en 2012.
Djamel Khamès, à Marseille
Lire aussi AMMag d'octobre 2019, p. 29.
http://www.am-businessangels.org
http://enogia.com

(1)
(2)
(3)

Novembre 2019 - Arts&MétiersMag - 39

https://www.nxtbook.fr/newpress/Arts_et_Metiers/Arts_et_MetiersMag-1910-412/index.php#/28 http://www.am-businessangels.org http://www.enogia.com

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