Arts&MétiersMag - N°413 - Novembre 2019 - 48

Débats&Opinions

Groupe de réflexion / Technologie

«La communauté Arts et M
sur le champ technolo giqu
Stéphane Lapujoulade (Li. 82), président de Valprev, et Marc Lassagne, maître
de conférences à l'Ensam, ont travaillé dans le cadre du tout récent «think tank»
Arts et Métiers, groupe de réflexion centré sur la technologie. Ils livrent
quelques-uns de leurs raisonnements et interrogations, avant la mise en ligne
de leur rapport sur le site qui sera ouvert en fin d'année.
AMMag - Vous avez travaillé sur les nouvelles acceptions
du mot «technologie» dans le cadre du groupe de réflexion
Arts & Métiers. Quelles conclusions tirez-vous ?
Marc Lassagne - Le «think tank» Arts et Métiers s'est en effet demandé ce que signifie aujourd'hui la technologie. Nous avions l'intuition
que la «technologie», au sens du prof ' de techno' du XXe siècle, avait
fait son temps. Et nos travaux nous ont effectivement confirmé que ce
que recouvre le mot «technologie» a considérablement changé depuis
vingt ans. La révolution numérique et la convergence des technologies
ont bouleversé les choses.

Dans notre rapport, nous rappelons non seulement les progrès fulgurants des technologies auxquels nous assistons depuis la fin du
XXe siècle, mais également l'élargissement de leur champ d'action aux
communications, aux relations humaines et au corps humain lui-même.
Tout en signalant que cela suscite de plus en plus de questionnements,
nous affirmons qu'innovation et technologie occupent aujourd'hui
une place majeure non seulement dans les questions économiques de
notre temps mais aussi du point de vue philosophique et de l'avenir de
notre société.
AMMag - Vous avez bien dit «philosophie» ?
S. L. - Nous nous sommes intéressés à la question de la perception des
technologies, des représentations sociales et des imaginaires technologiques. Nous sommes allés chercher les travaux d'intellectuels comme
ceux du sociologue, historien et théologien français Jacques Ellul, qui
a formulé des idées assez prophétiques sur l'autonomie des technologies, il y a trente ans déjà, avant la révolution numérique. Nous avons
également pris en compte les idées véhiculées par l'école de pensée
californienne et l'Université de la singularité. Nous avons tenté de

STÉPHANE LAPUJOULADE (LI. 82)
Gadzarts et diplômé de Sciences-Po Paris
(1988), Stéphane Lapujoulade est
président de Valprev, société de conseil de
direction. De 2009 à 2016, il a été l'un des
cadres dirigeants du groupe Transdev,
leader mondial dans le secteur des
transports publics : membre du comité
exécutif, directeur de l'innovation et du
développement, président des activités de
conseil et d'ingénierie de mobilité. Il a une
expérience de plus de vingt ans comme
consultant en stratégie et transformation
chez Bossard Consultants, puis comme
directeur associé chez Capgemini
Consulting. Administrateur d'entreprise
certifié par l'Institut français des
administrateurs, il détient plusieurs
mandats d'administrateur indépendant,
en France et à l'étranger. Il enseigne la
stratégie et le management de
l'innovation à Sciences-Po.

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PHOTO J.-M. ROUSSEAU / ENSAM

PHOTO É. ROUBERT / AMM

AMMag - Pouvez-vous nous en dire plus sur
cette révolution technologique ?
Stéphane Lapujoulade - Pour mieux traiter notre sujet et prendre la
mesure de la révolution industrielle actuelle, nous avons pris un peu
de recul. Nous vivons une vague historique d'innovations technologiques. Et cela va encore durer, voire s'amplifier. La convergence dite
«NBIC» [nanotechnologies, biotechnologies, technologies de l'information, sciences cognitives, NDLR] va continuer à faire son œuvre.

MARC LASSAGNE
Diplômé de Sciences-Po Paris (1995),
agrégé d'économie et gestion (1997),
docteur ès sciences de gestion et du
management (2004), Marc Lassagne est
maître de conférences à l'Ensam. Il dirige
la spécialité de master de recherche
sciences de la décision et management
des risques et le mastère spécialisé sur le
management global des risques, classé
par le cabinet indépendant SMBG comme
la meilleure formation française en gestion
des risques. Coresponsable de l'équipe de
recherche sur les risques et organisations,
qui associe l'Ensam, l'École normale
supérieure de Rennes et l'IAE de Paris au
sein du Gregor (laboratoire de gestion de
l'IAE de Paris), ses travaux portent sur le
management des risques industriels, sur
la santé et la sécurité au travail et, plus
généralement, sur l'intégration de
l'incertitude dans le management.

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