Arts&MétiersMag - N°413 - Novembre 2019 - 58

Histoire&Patrimoine

PHOTOS COLLECTION CHRISTIAN POLAK

 Grandes Figures

La 4CV montée dans l'usine Hino Diesel, située à une trentaine de kilomètres à
l'ouest du centre-ville de Tokyo, à Hino-shi. De gauche à droite : M. Yamoto,
directeur, Aimé Jardon, envoyé par Renault pour superviser le montage, M. Kosuki,
chef d'atelier montage, et M. Yamaichi, interprète.

Renault, du bas jusq  u'e
PHOTO DR

Aimé Jardon
Ch

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Il aurait pu faire une carrière de saxophoniste ou d'aviateur, il a
choisi l'industrie automobile. Curieux et travailleur, Aimé Jardon
a commencé dans l'atelier de la marque au losange et grimpé tous
les échelons de l'entreprise. Celle-ci lui doit notamment le succès
de la 4CV au Japon dans les années cinquante.

A

imé Jardon est né le 3 octobre 1926 à Belfort. Son
père, contremaître électricien, travaillait chez Peugeot
et sa mère tenait le foyer. Après le certificat d'études,
en 1938, le jeune Aimé suit la filière professionnelle
à l'École pratique de commerce et d'industrie de
Montbéliard. En 1940, à 14 ans, il devient coursier
non rémunéré chez Peugeot, alors repliée à Bordeaux suite à la débâcle.
Puis revient à Sochaux, en zone «interdite(1)», où il est ouvrier électricien
en même temps qu'élève de l'école professionnelle Peugeot. Il y décroche
les CAP(2) d'ajusteur, d'électricien, de dessinateur, puis le BEI(3) d'ajusteur en 1943. L'aviation l'a toujours passionné. À 12 ans, il construisait
des modèles réduits, dont il concevra et fabriquera plus tard les moteurs.
1944. Sochaux est bombardée par les Britanniques (plus de 100 morts).
Aimé décroche un premier prix de saxophone à l'Harmonie des Automobiles Peugeot. C'est la période de la Résistance, avec ses répressions.
Aimé passe clandestinement en Suisse, avec son père, puis revient en
zone libérée à Bourg-en-Bresse. Il s'engage dans l'armée de l'Air de
Libération. Déçu par l'absence d'organisation, il rentre au pays et
prépare en un temps record le concours des Arts et Métiers. Entré à

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Châlons en 1946, il en sort médaillé d'argent en 1949. À Châlons, il
s'adonne au vol à voile. Puis il étudie le droit en suivant des cours du
soir à la Faculté de Paris. Il fait un bref passage à l'École supérieure des
travaux aéronautiques (ESTAé), puis décide de se lancer dans la vie
active. Il choisit l'automobile, mais pas Peugeot où son père travaille
toujours. Ce sera Renault. Il se présente à la Régie, mais les embauches
sont closes. Il est pris cependant «en surnombre», mais n'a pas de
fonction, pas de mission, pas de bureau. Il passe ses journées dans les
ateliers, repère les améliorations possibles, propose des solutions.
En avril 1950, il épouse Yvette. Ses attaches se déplacent en région
parisienne. Aimé accomplit son service militaire, d'abord à Vernon,
puis à Satory, à la Direction des études et fabrications d'armement ; il
remplit avec talent sa mission : concevoir une remorque porte-chars.
Il sera rappelé pour des périodes de réserve.

La 4CV l'emmène au pays du Soleil-Levant

Rendu à la vie civile, Aimé retrouve Renault. On lui affecte un vrai poste,
de nuit, aux méthodes mécaniques. Il travaille sur les moteurs et boîtes
de vitesses de la 4 CV. Avec ses premiers gains, il en achète une, le modèle
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