Arts&MétiersMag - N°413 - Novembre 2019 - 71

commence son travail d'ingénieur
de terrain. Seul sur place à travailler
pour la «Schlum» dans un camp de
forage de la Shell, il dirige une équipe
d'ouvriers qui le respectent - ce
n'est pas le cas de tous les cadres
étrangers. Le Venezuela des années 30 est dirigé par des gouvernements militaires politiquement instables qui promeuvent l'industrie
pétrolière. À la mort du dictateur et
dans la panique générale, la population se soulève et règle ses comptes
avec certains Occidentaux. Louis
Magne est préservé et s'occupe,
proche du camp, de l'entretien d'une
usine électrique. Puis, il arrive à quitter le pays pour Trinidad, sa nouvelle
affectation.

pagnies pétrolières, l'Amérique
latine est à nouveau convoitée. La
carrière de Louis Magne, expert et
fin connaisseur de cette région du
monde, prend un autre tournant. Il
gravit rapidement les échelons.
Après avoir rencontré Monsieur
Schlumberger en personne à Paris
pour un entretien, il devient, dans
les années 60, vice-président exécutif de Schumberger Overseas à Paris.
Roland Genin (Ch. 46), président
de la Société des ingénieurs Arts et
Métiers (1986-1989), était son assistant en tant que vice-président des
opérations. En 1967, à 55 ans, Louis
Magne est élu président de Schlumberger Surenco à Caracas, au Venezuela, où il restera trois ans. En décembre 1970, il retourne à Houston
pour Schlumberger Limited. De
1972 à 1977, il devient président de
Schlumberger Wireline North America avant de prendre sa retraite à
65 ans à Houston, au Texas, où il
mène pendant quarante ans une vie
active avec ses amis proches. Il devient un généreux donateur de fondations, d'écoles, d'hôpitaux et de
centres de recherche aux États-Unis,
sans oublier bien sûr son École et la
Soce, qui «a su lui tendre la main»,
comme il aimait à le dire.

De Trinidad à l'Arizona
Les belles années commencent. Tout
lui sourit : son mariage, son travail,
l'argent. Mais il est subitement frappé par la tuberculose qu'il a contractée en Amérique latine en cherchant
à soigner un de ses employés. Descente aux enfers. La «Schlum» lui
verse une modeste pension. Pour
soigner ses poumons, il part dans un
sanatorium en Arizona, aux ÉtatsUnis, et met à profit sa convalescence pour étudier la géologie et les
mathématiques. Guéri au sortir de
la Seconde Guerre mondiale, il reprend son travail chez Schlumberger. Un temps délaissée par les com-

un bon repas. Les dons de Louis
Magne ont permis à la Fondation,
outre les bourses, de soutenir et
financer des projets tels que celui
de la résidence d'Angers - son
centre d'origine -, inaugurée à la
rentrée 2017 et qui porte son nom.
Sa générosité ne s'est pas démentie
et, toujours enthousiaste, il a
gratifié par la suite la Soce de dons
importants, lui permettant
d'accroître le nombre d'élèves
boursiers.»
Jacques Paccard (Ch. 64),
ancien président de la Fondation
et de la Soce
Lire aussi AMMag de février 2015, p. 54.

(1)

PHOTO DR

Georgia Tech. Je lui rendis visite en
mars suivant et lui remis un buste
du duc de La RochefoucauldLiancourt, le nommant chevalier de
Liancourt, apanage des grands
donateurs de la Fondation. Ce geste
a dû lui plaire, à voir sa mine réjouie
lors de la remise de ce trophée !
«En décembre 2012, il devenait
centenaire et je proposais à ses
boursiers américains de le rejoindre
à Houston pour son anniversaire (1),
inaugurant une tradition qui a
perduré. Bien qu'abondamment
fêté localement à cette occasion,
il les a reçus. Rien ne pouvait lui
faire plus plaisir que d'être entouré
de jeunes gadzarts et de leur offrir

Éric Roubert
Ligne de fortifications construites par la
France sur ses frontières avec la Belgique,
le Luxembourg, l'Allemagne, la Suisse et
l'Italie de 1928 à 1940.

(1)

Louis Magne
et sa femme,
Angela,
en 1968 à
Caracas,
capitale du
Venezuela,
lors d'un
dîner de gala.
Ils s'étaient
rencontrés à
bord du
«Normandie».

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