Arts&MétiersMag - N°414 - Décembre 2019/Janvier 2020 - 24

Dossier

Quand le BIM s'inspire d
Le mastère spécialisé en ingénierie numérique des produits et des bâtiments
créé au sein du Laboratoire conception de produits et innovation du campus
Arts et Métiers de Paris mêle les concepts de modélisation des données et
de gestion du cycle de vie : un atout pour livrer une vision prospective du BIM (1)
en s'appuyant sur des processus maîtrisés par l'industrie.

Déployer des pratiques éprouvées dans l'industrie
Si la composante BIM semble a priori éloignée du cœur de l'industrie,
l'École a toute légitimité pour dispenser une formation orientée sur
cette thématique, estime le codirecteur et responsable pédagogique de
la formation, Frédéric Segonds (Bo. 201), maître de conférences HDR(3)
à Arts et Métiers Sciences et Technologies (l'Ensam) et chercheur au
Laboratoire conception de produits et innovation (LCPI) : «Nous avons
une expérience sur les thématiques de gestion de la complexité de la
maquette numérique, de gestion des configurations, associées à ce
qu'on fait en CAO depuis des dizaines d'années dans l'aéronautique,
l'énergie, l'automobile et les produits manufacturés.» Ameziane
Aoussat, directeur du LCPI, abonde : «C'est le rôle d'un établissement
comme le nôtre de s'emparer des problématiques actuelles. Il y a
aujourd'hui une forte demande de formation sur le BIM car il y a peu
de spécialistes sur le marché. Or, nous avons un savoir-faire sur la
maquette numérique pour répondre à ces besoins.» Des partenaires
comme SNCF Gares et Connexions, ADP Ingénierie, le Centre scientifique et technique du bâtiment ou Bouygues Construction se sont
rapprochés du laboratoire quand la composante BIM a été ajoutée.
Le bâtiment vit sa révolution numérique et n'a pas encore une culture
de la gestion globale du cycle de vie des produits comme la possèdent
d'autres secteurs industriels. Le BIM a trouvé sa place dans la phase de
conception et de construction : «Le secteur du bâtiment a compris
l'intérêt d'exploiter la maquette numérique pendant la phase de
«Building Information Modeling», modélisation des données du bâtiment.
«Product Lifecycle Management», gestion du cycle de vie des produits.
(3)
Habilité à diriger des recherches.
(1)
(2)

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e BIM (1) se frotte au PLM (2). Depuis son lancement, en
2013, le mastère spécialisé Ingenum forme des experts
en ingénierie numérique capables de maîtriser les processus industriels de gestion du cycle de vie des produits
en s'appuyant sur la maquette numérique, le PLM et les
outils collaboratifs. Face aux demandes croissantes
d'industriels du bâtiment, une composante BIM a été ajoutée au cursus
il y a trois ans, soit un module sur cinq (50 heures), pour former des
«manageurs en ingénierie numérique de produits et de bâtiments», le
nouvel intitulé du mastère. Les candidats viennent de formations
universitaires et d'écoles d'ingénieurs généralistes, à l'exception notable
des Gadzarts, très peu représentés. Les sept étudiants de la dernière
promotion ont soutenu leur thèse professionnelle en octobre 2019.
La nouvelle promotion accueille 11 étudiants.

Ameziane Aoussat, directeur du
Laboratoire conception de produits et
innovation à l'Ensam Paris.

Frédéric Segonds (Bo. 201),
maître de conférences à l'Ensam
et responsable pédagogique du
mastère spécialisé Ingenum.

conception, pour anticiper au maximum les contraintes liées aux
travaux», souligne Frédéric Segonds. Les gains les plus importants se
situent dans la phase d'exploitation et de maintenance avec le BIM
gestion, exploitation, maintenance, qui a moins pénétré le secteur du
bâtiment. «Comment gérer cette phase d'exploitation, c'est ce qui
intéresse les entreprises», poursuit Frédéric Segonds. L'une des difficultés majeures pour le bâtiment est qu'il demeure un monde plus
artisanal que les grands secteurs industriels. Ce n'est pas un monde de
standards et de processus. Et si les concepts de BIM et de PLM ne sont
pas si difficiles à appréhender, leur mise en œuvre est plus complexe et
doit s'appuyer sur des ingénieurs formés aux outils et aux méthodes.
«Le mastère spécialisé, précise Frédéric Segonds, reste centré sur la
maquette numérique et les produits manufacturés, dans l'industrie
aéronautique et l'automobile en particulier, mais près de la moitié des
étudiants viennent désormais pour déployer dans le bâtiment des
pratiques qui fonctionnent dans d'autres secteurs industriels autour
du PLM.» Dans la mesure où l'objectif d'un mastère est de répondre à
une demande industrielle pour former des professionnels immédiatement opérationnels, «il est possible que nous fassions plus de place
au BIM, à l'avenir, avec une petite spécialité dans la formation», avance
Ameziane Aoussat.
Le bâtiment est un produit complexe. «Pourquoi ne pas lui faire une
place à côté des produits manufacturés ?» interroge Ameziane Aoussat.
Cette association BIM-PLM est l'une des spécificités majeures du
mastère Ingenum : il s'agit de la seule formation au BIM réunissant les
secteurs du bâtiment et de l'industrie manufacturière. Ce n'est pas le

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