Arts&MétiersMag - N°415 - Février 2020 - 24

Dossier

Maintenance

Maintenance prévisionnelle : comment s'y préparer
LES QUESTIONS À SE POSER AVANT

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Machine complexe
dans son
environnement
Quelles informations
souhaite-t-on obtenir ?

Analyse du
fonctionnement

La machine est-elle
instrumentée ?

Quelles sont les variables
pertinentes en entrée
et en sortie ?

Les variables pertinentes
sont-elles mesurées
en continu ?

>>> l'entreprise pourra intelligemment s'interroger sur les outils,
technologies et compétences (donc formations) à déployer afin de
mettre les bons moyens, techniques et humains, au bon endroit et
au bon moment.

Ne pas abuser des données
Florent Laming (An. 209), chargé du développement commercial
d'Akeoplus, et son PDG, Stéphane Morel, partagent le même avis sur
le changement du modèle de production industriel qui s'opère actuellement : «On est en train de passer de la "mass production" [production
de masse, NDLR] à la "mass customisation" [production individualisée].» Aujourd'hui déjà, certaines lignes de fabrication sont capables
de produire différentes pièces dans la même journée. La maintenance
doit donc s'adapter à ce nouveau paradigme.
«Profitons des nouvelles technologies d'intelligence artificielle embarquée, de l'"edge computing" et du "cloud computing", plus fiables et
moins onéreuses qu'hier. Mais attention à la manière de gérer la quantité
de données collectées : il convient de les traiter intelligemment à chaque
étage de l'architecture numérique "full stack" (2), alerte Stéphane Morel.
En effet, quand les données collectées et stockées dans le «cloud» sont

Mise en place
de capteurs

La maintenance
prévisionnelle est
l'objet de nombreux
fantasmes, bons comme
mauvais, car elle touche à
l'intelligence artificielle. Ce
schéma permet d'en
dédramatiser l'approche car il en
montre les différents
mécanismes. Un être humain
averti en vaut deux.

trop nombreuses, on arrive vite à des aberrations, surtout si on emploie les méthodes
classiques de mégadonnées («big data»)
utilisées notamment par les Gafa.»
«La façon de poser le problème, renchérit
Source : Fives Maintenance
Rémi Leclercq (Mott MacDonald Europe),
peut également être source d'erreur : par
exemple, calculer le vieillissement d'une pompe sur
les trois premières années de fonctionnement est à coup
sûr le meilleur moyen de surévaluer son taux de défaillance et les coûts
associés ; en effet, au cours de cette période, le nombre de pannes et de
casses ne reflétera pas l'ensemble de son cycle de vie. Ce même calcul
sur quinze ou vingt ans sera plus proche de la réalité.»
Selon Stéphane Morel, les méthodes mises au point par Toyota dans
les années 50 arrivent à leurs limites. Ainsi, la «maintenance productive
totale» doit être enrichie par une approche en «temps réel» intégrant
une méthode hybride tirant profit à la fois de données triées sur le volet
et de lois physiques (pression, température, humidité...). On obtiendra
des résultats plus pertinents. «N'oublions pas que 80 % des industriels
dirigent des PME et des PMI. Les plateformes numériques doivent

PHOTO DR

La maintenance curative en dernier ressort
Gilles Périé (Bo. 82) a acquis en 2002
la Société de maintenance et
d'ingénierie soissonnaise 02 - en
abrégé SMIS 02. Son offre était
initialement spécialisée dans la
construction et la commercialisation
de biens d'équipement industriels
pour la préparation et le traitement
des matériaux en vrac, et Gilles Périé
l'a, petit à petit, complétée par des
services de maintenance dans le
domaine de la vibration industrielle.
Aujourd'hui, il est le «pompier» de son

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secteur d'activité : on l'appelle souvent
quand c'est un peu tard, la
maintenance curative prenant le pas
sur la maintenance préventive, faute
de budgets adéquats. «Cela va de
l'entretien usuel au "retrofit",
autrement dit l'opération consistant à
remplacer des composants anciens ou
obsolètes par des composants plus
récents sans modifier la fonction des
machines, confirme Gilles Périé. Et
quand la pièce n'est disponible ni chez
le constructeur ni d'occasion, SMIS 02

est capable de la fabriquer dans ses
ateliers - chaudronnerie, usinage,
électrotechnique... - après un travail
de rétro-ingénierie.» La rétroingénierie consiste à étudier un objet
pour en déterminer le fonctionnement
interne ou la méthode de fabrication.
«Il est en effet difficile de recréer une
pièce conforme si on ne maîtrise pas
les techniques des produits sur
lesquels on travaille, en l'occurrence
les machines vibrantes», précise
Gilles Périé. D. K.
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