Arts&MétiersMag - N°416 - Mars 2020 - 36

Hommes&Réalisations
Club des 100
AÉROSPATIAL

En compagnie d'Ariane
à tous les étages
Marc Chevalier (Bo. 80) a toujours été attiré par l'espace, mais c'est
presque par hasard qu'il entre chez Arianespace. Au gré de responsabilités toujours plus importantes au sein des différentes
sociétés de l'aérospatial, il restera fidèle au lanceur et prépare
aujourd'hui Ariane 6.

De Kourou à Moscou
Chargé de la conduite d'opérations pour l'intégration et les lancements
d'Ariane 1 à 4, il commence à Évry (Essonne), puis part pour Kourou
(Guyane) durant deux ans et demi. «Au sein d'une équipe opérationnelle, je gérais la préparation du lanceur avant le tir. Pendant six ans,
j'ai pu en aborder les différentes facettes.»
En 1991, il est attiré par la gestion de projets. Il rejoint l'Aérospatiale
aux Mureaux (Yvelines) pour prendre la responsabilité des essais de
développement et de qualification de l'étage principal cryotechnique
d'Ariane 5, incluant des essais de pilotage de vibrations, d'acoustique
et de chocs pyrotechniques. «Puis, pour terminer la qualification, des
essais en Guyane avec des tirs statiques d'un étage complet.»
Peu après le premier lancement d'Ariane 5, en 1996, Marc Chevalier
intègre le programme Automated Transfert Vehicle, destiné à ravitailler la station spatiale internationale, en tant que responsable du système
propulsif, puis des essais et opérations au sol. «L'Agence spatiale européenne était un nouveau client. L'équipe comprenait des Britanniques,
des Italiens, des Belges, des Espagnols, et nous avions des échanges
avec les Américains et les Russes. J'ai beaucoup appris.» Dans le cadre
de cette coopération, il se rend à Moscou et y visite le musée de l'Astronautique. «S'asseoir sur le siège de Gagarine dans la capsule Vostok a
été extraordinaire.»
Opérationnel sur Ariane 5 et 6
Sa mission terminée, Marc Chevalier revient en 2008 sur le programme
Ariane 5 comme responsable des opérations de livraison du lanceur à
Arianespace, puis de l'ensemble de la production des étages de la fusée
en Europe et des opérations en Guyane. «Le chef du programme voulait quelqu'un de très opérationnel pour conduire l'équipe en charge
de fournir le lanceur à Arianespace.» Dans une époque de restructuration de l'industrie aérospatiale, le poste exige des qualités particulières
en management. En 2018, les équipes de production d'Ariane 5 et développement d'Ariane 6 fusionnent, et Marc Chevalier prend en charge

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PHOTO DR

nfant, Marc Chevalier avait suivi la saga Apollo. Et encore
maintenant il se souvient parfaitement du premier rendez-vous entre des astronautes américains et soviétiques, des
images du sas qui s'ouvre entre les capsules Apollo et Soyouz,
le 17 juillet 1975, puis des premiers tirs d'Ariane. Pourtant, quand il
cherche un premier poste, il contacte des banques, des cabinets de
conseil, de grandes entreprises. Il tombe sur une annonce d'Arianespace et y répond sans trop y croire, pensant que les ingénieurs spécialisés seraient privilégiés. «J'étais disponible immédiatement et l'entretien s'est bien passé. J'ai été embauché.»

MARC CHEVALIER (BO. 80), chargé de la production, des opérations
d'intégration et de lancement d'Ariane 5 et 6.

la production des étages des deux lanceurs et des opérations d'intégration et de lancement. Avec, parmi les exigences, celle d'un calendrier
très serré pour la mise au point d'Ariane 6 : essais au sol sur un nouveau
pas de tir au premier semestre 2020 pour un premier tir au second semestre. «Le calendrier n'est pas irréaliste. Nous sommes calés dessus.
Il faudra aussi réussir l'industrialisation du lanceur, avec une montée
en cadence en 2021 et 2022. C'est un beau défi à relever.» Un défi qui
conclura en apothéose la carrière de Marc Chevalier.
Patrice Desmedt
[Article paru dans AMMag de juin-juillet 2019 p. 45]

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