Arts&MétiersMag - N°416 - Mars 2020 - 50

Hommes&Réalisations
Club des 100
CONSEIL

La finance
au service
de la stratégie

Une généraliste
dans le
recyclage

Stéphane Gorce (Ch. 80) n'avait qu'une envie : être un dirigeant.
Aujourd'hui consultant, chef d'entreprise et associé, son ambition
n'a pas varié : il met la finance au service de la stratégie.

À 40 ans, Laurie Guillot (Bo. 200)
s'est fait une place dans le secteur de la gestion des déchets,
du recyclage et des services à
l'environnement.

D
OTO

Engagement et transmission de valeurs
En 1997, après cinq ans chez PwC, Stéphane Gorce cofonde Coequip,
cabinet spécialisé en stratégie financière, pilotage de la performance
et pilotage de projets stratégiques pour de grandes entreprises. «Les
sujets de stratégie me passionnent. Mettre la finance au service de la
stratégie est la pierre angulaire de ma carrière depuis cette époque»,
résume-t-il. Une passion qui le conduit à donner des conférences à
HEC et aux Ponts et Chaussées.
En 2015, il a besoin d'un nouveau défi et rejoint Eurogroup Consulting
en tant qu'associé en charge de la finance et de la stratégie. En 2019, il
valide son certificat d'administrateur de sociétés à l'Institut français des administrateurs-Sciences-Po, où il
regrette d'avoir croisé peu d'ingénieurs. Maire adjoint (LR) du Chesnay-Rocquencourt (Yvelines), il
estime que le monde politique manque de Gadzarts : «Nous avons la dimension humaine et la
capacité d'organisation nécessaires à ce type d'engagement au service des autres.» Et ce militant des
humanités n'envisage pas son avenir autrement que
dans un engagement pour porter l'excellence
et transmettre ses valeurs. Comme il le
fait au sein du conseil de centre du campus Arts et Métiers de Paris.
Guillaume Arvault

STÉPHANE GORCE (CH. 80),

associé Eurogroup Consulting en charge
de la finance et de la stratégie.

uvrir un maximum de
portes grâce à sa formation généraliste, telle
était l'ambition de Laurie Guillot en poussant celle des
Arts et Métiers. Mais la future ingénieure ne s'imaginait sans doute
pas bâtir sa carrière dans le secteur
des déchets, de l'environnement
et des services, «un métier atypique par rapport à mes camarades, qui travaillent en producLAURIE GUILLOT (BO. 200),
tion dans l'aéronautique, l'énergie
responsable des régions Sud et
ou l'automobile», juge-t‑elle. À sa
Île-de-Frane d'Ourry.
sortie du campus de Bordeaux,
elle est embauchée par Pack Services, spécialisée dans la fabrication,
le reconditionnement et la maintenance de presses à balles, compacteurs et autres broyeurs de déchets. La TPE vient d'être rachetée par
un entrepreneur et Laurie Guillot se charge de la partie technique. «Je
préférais être ingénieure à tout faire dans une PME que travailler sur
un sujet unique, enfermée dans un bureau.» Elle prend des parts dès
2006 avant de s'associer au rachat de l'entreprise par emprunt en 2010.

PHOTO DR

ils de Gadzarts, Stéphane Gorce sort de l'École avec la certitude de devoir acquérir des compétences en finance et gestion
pour atteindre les postes de dirigeant qu'il vise. Et une volonté : ne pas être ingénieur de terrain. Recruté par Mazars, il
suit le parcours proposé aux jeunes ingénieurs avec un passage par
HEC pour apprendre les fondamentaux de la finance et de l'expertise
comptable. Il rejoint ensuite Schlumberger en 1989, «une référence
mondiale en management». Il y croise la route de Roland Génin
(Ch. 46), qui voit en lui un patron d'usine, ce qu'il devient à 30 ans, pour
réorganiser un site de 100 personnes. Deux ans plus tard, se sentant
mûr pour une expérience de direction générale, il vit mal le refus de sa
direction qui l'estime trop jeune et rejoint PricewaterhouseCoopers
(PwC). «L'environnement de cabinet me va bien finalement», juge
l'ingénieur, qui prend en charge des missions d'audit et de consulting
en stratégie et finance pour de grands groupes industriels.

ENVIRONNEMENT

Se relever plus forte après l'échec
Mais en 2013, c'est l'échec. Trop dépendante d'un client qui révise sa
politique de sous-traitance, l'entreprise doit cesser son activité. «Ce
sont des moments très durs que je ne souhaite à personne, mais on
découvre un volet méconnu de la vie des entreprises.» Elle pense à ses
clients, assure la continuité de leurs contrats en travaillant pour la PME
d'un ami et aide son chef d'atelier à créer son activité. Son abnégation
sera récompensée au printemps 2014, quand elle recontacte ses anciens
clients après une expérience qui tourne court dans un autre secteur.
Elle est surprise de l'accueil que lui réserve son carnet d'adresses : «Je
pensais être grillée sur mon secteur après un tel échec, mais beaucoup
d'anciens clients étaient prêts à me recruter.»
Fin 2014, elle choisit Ourry, une PME spécialisée dans la collecte des
déchets et le recyclage. Elle prend la direction des régions Sud et Îlede-France (100 personnes sur 6 sites). Aujourd'hui, si les cours théoriques ne lui sont d'aucune utilité, elle a conservé de son passage à l'École
le pragmatisme, le goût pour la technique et la capacité de discuter avec
n'importe qui en respectant ses valeurs - «une culture qui fait aussi
partie de l'enseignement Arts et Métiers».
G. A.

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