Arts&MétiersMag - N°416 - Mars 2020 - 59

MÉTALLURGIE

Le sens de
l'ouvrage d'art
Originaire du Nord, Pascal Lepers (Li. 85) est le directeur industriel
adjoint d'Eiffage Métal, avec lequel il a mené d'immenses projets
d'infrastructures, dont celui du viaduc de Millau.

irecteur industriel adjoint au sein du groupe Eiffage Métal,
Pascal Lepers est responsable de plusieurs sites de produc‑
tion : «Je m'occupe de la transversalité, de la synergie, de
l'innovation et du développement de ces unités industrielles.
Je travaille également de manière très régulière avec nos usines situées
en Europe, en particulier en Belgique. Nous avons pour mission de
rendre nos sites les plus modernes et polyvalents possible», explique-t‑il.
Ce Gadzarts de 54 ans, originaire du Nord, s'est spécialisé dans l'uni‑
vers de la construction métallique dès la sortie des Arts et Métiers. «J'ai
rejoint mon entreprise actuelle après mes études à l'issue d'une expé‑
rience de coopérant à Hanovre, en Allemagne, au sein de l'un de ses
bureaux d'études», souligne-t‑il.

PHOTO DR

PHILIPPE
LEMAN (LI. 80),
ingénieur projet
chez Subsea 7.

ÉNERGIE

Rebond dans
la création

La nécessaire exemplarité du manageur
Successivement responsable du service soudage, chef de fabrication,
manageur d'un atelier de 120 personnes, puis directeur d'usine, Pascal
Lepers a gravi de nombreux échelons. «Durant toutes ces années, nous
avons participé à d'immenses projets d'infrastructures.» Des exemples ?
Les lignes TGV Méditerranée, Perpignan, Figueras, Bretagne, les
autoroutes A65 (autoroute de Gascogne) ou A89 (la Transeuropéenne),
les passerelles Simone-de-Beauvoir ou Léopold-Sédar-Senghor à
Paris. «Nous avons également construit des ouvrages en Allemagne,
en Belgique et au Luxembourg», dit-il avec fierté et en soulignant que
le projet le plus important de sa carrière demeure, sans conteste, le
viaduc de Millau. «L'usine de Lauterbourg, dans le Bas-Rhin, que je
dirigeais à l'époque, a produit les 30 000 tonnes du tablier de l'ouvrage
en vingt-sept mois.» Ce qui l'intéresse le plus dans son métier ? «Parti‑
ciper à la construction de grands projets
d'infrastructure qui nécessitent de
trouver sans cesse des solutions
techniques performantes et
innovantes.» Il reconnaît vo‑
lontiers que, si le manage‑
ment demeure une activité
«gratifiante», elle est éga‑
lement éminemment
«complexe». «L'une des
qualités importantes du
manageur est l'exempla‑
rité. Comment demander
de respecter des règles si
on ne se les applique pas à
soi-même ?»

Il y a vingt ans, Philippe Leman (Li. 80) a fondé une société de portage, qui lui a permis d'intégrer à 47 ans un groupe d'ingénierie
pétrolière, Subsea 7. Parcours d'un Gadzarts endurant.

hilippe Leman est un homme qui a de l'endurance. Ce Lillois
d'origine, qui a déjà quatre marathons à son actif, vient sur
les conseils de ses trois enfants de se mettre à la natation et
au vélo pour concourir à un triathlon. C'est également cette
capacité à maintenir son effort sur une longue durée qui lui a permis
d'être embauché à 47 ans par Subsea 7, dans un secteur qui avait sa
préférence à sa sortie d'Arts et Métiers, en 1983. Cette entreprise in‑
ternationale spécialisée dans la conception, la fabrication et la mise en
œuvre d'infrastructures sous-marines pour les champs pétroliers
correspond, selon lui, aux qualités d'un Gadzarts : «L'École nous donne
notamment des compétences en métallurgie. Elles sont importantes
pour des gazoducs et oléoducs soumis à de fortes pressions et en contact
permanent avec l'eau de mer.»
Une capacité à se mettre à la place du client
Avant cela, Philippe Leman a connu un parcours plutôt atypique. Après
une expérience compliquée dans une société en proie aux difficultés
financières et quelques années en tant que consultant indépendant,
Philippe Leman fonde à 40 ans Axessio, une entreprise qui se rapproche
du portage salarial. «Elle est destinée à des professionnels autonomes
afin qu'ils se rencontrent pour réaliser de la prospection commerciale
et créer des pôles de compétences. Cette société, quittée huit ans plus
tard, existe toujours et m'a donné une meilleure compréhension de la
relation avec le client, une capacité à me mettre à sa place.»
Directeur ingénierie de projet jusqu'en 2015 chez Subsea 7, Philippe
Leman gère des équipes de 100 personnes. Modeste, l'homme se re‑
connaît des qualités de manageur : «J'aime bien déléguer, laisser mes
équipes fonctionner en autonomie.» Depuis quatre ans, l'ingénieur
occupe des fonctions plus transversales, en charge de la numérisation
de son groupe. «L'enjeu est de "tracer" plusieurs milliers de documents
pour que le client puisse les valider. Ma principale qualité pour cette
fonction ? Conceptualiser de façon claire un processus qui peut être
compliqué - c'est une des qualités premières des Gadzarts !» H. B.

Éric Delon

D
TO
PHO

PASCAL LEPERS
(LI. 85), directeur
industriel
adjoint
d'Eiffage
Métal.

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