Arts&MétiersMag - N°416 - Mars 2020 - 75

CONSEIL

Le sourcier du financement

e qu'il conseille aux jeunes ? «Avant de chercher à faire une carrière, fais ce que tu aimes.
Comme tu seras bon, ta carrière suivra !»
Frédéric Rey sait de quoi il parle, lui qui s'est
aperçu durant ses études qu'il préférait le management
à la technique. Voilà pourquoi une fois Gadzarts, en
1993, il s'assiéra sur les bancs de l'Institut d'administration des entreprises d'Aix-en-Provence. Ce jeune
quinquagénaire est depuis près de vingt ans à la tête
d'Aread, un cabinet de conseil qui aide les entreprises
à être financées pour leurs projets innovants par la
Région, l'État et l'Europe. Et à suivre leur dossier : «Le
financement est parfois versé sous forme d'acompte
et il faut justifier les dépenses engagées. C'est ainsi que,
par exemple, 30 % des sommes attribuées par l'Agence
de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie ne
sont pas versées faute de suivi.»
C'est pour mettre ses pas dans ceux de son frère aîné,
Thierry (Cl. 83), que Frédéric Rey rejoint l'Ensam. Il
découvre que des secteurs comme l'agroalimentaire
ou le luxe lui plaisent. Après un stage, il est embauché

comme chef d'atelier chez Miko, à Saint-Dizier (HauteMarne). Il n'y restera qu'un an car, désireux de voir
d'autres secteurs professionnels et géographiques, il
devient responsable de la production de l'atelier savonnerie chez Yves Saint Laurent Beauté, à Bernay
(Eure), puis responsable de la logistique du produit
fini. «Tenir un produit entre ses mains est gratifiant.
C'est du concret, cela récompense le travail effectué.»
Adieu le luxe !
Mais même s'il gère une équipe de 80 personnes, il veut
davantage. «J'ai tout plaqué en 2000 et on m'a pris pour
un fou ! Je suis devenu conseiller dans les ressources
humaines pour une filiale d'Adecco à Paris.» Chez
Adjust HR, membre du comité de direction, il aide les
gros clients à optimiser leur flexibilité.
En 2003, enfin, il s'installe en Alsace et rejoint un réseau spécialisé dans la recherche en financements
publics. «Je n'y connaissais rien, je n'avais jamais fait
de commercial, mais qu'à cela ne tienne, je devenais
enfin un entrepreneur indépendant !» sourit-il. Et ça
marche. Trois ans plus tard, il embauche son premier
collaborateur à Strasbourg puis il ouvre des antennes
à Paris, Nantes et Lyon. Frédéric Rey s'implique aussi
dans la Communauté : il s'occupe beaucoup du groupe
régional du Bas-Rhin qu'il a présidé.
C. M.

PHOTO Y. LEMOINE

À la technique, il préférait les êtres humains et
l'organisation. Aux grands groupes, il préférait les
petites structures. Frédéric Rey (Cl. 90) a trouvé
son bonheur à la tête d'Aread.

FRÉDÉRIC REY (CL. 90),
président d'Aread.

NUMÉRIQUE

Prof concret de la virtualité
Le professeur Simon Richir (Li. 84), cofondateur et
directeur scientifique de Laval Virtual, est déjà entré
dans le club des 100 (1). AMMag lui a tendu le micro
pour qu'il évoque l'un de ses derniers projets.

E
PHOTO DR

st-il encore nécessaire de présenter Simon
Richir ? Et qui présenter ? Le professeur des
Arts et Métiers, le cofondateur et directeur
scientifique de Laval Virtual (2), du laboratoire
de recherche Présence & Innovation du Lampa et de
l'Institut de Laval, le père du master management des
technologies interactives 3D ou bien l'artiste, qui se
produit régulièrement à Iéna ? Et qu'aborder avec cette
tête fourmillante d'idées ? «La chaire Time to Concept,
par exemple. Il s'agit de réduire le temps entre l'idée et
le concept avec les technologies immersives pour
l'industrie du futur. Il faut mettre la réalité virtuelle
avant la CAO, pour débrider la créativité.»

SIMON RICHIR (LI. 84),

cofondateur et directeur scientifique
de Laval Virtual.

Militant d'une formation par immersion
L'équipe pluridisciplinaire du professeur Richir a développé l'application Time to Sketch - «il est temps
de dessiner». À quoi sert-elle ? Un architecte présente
par exemple son projet aux élus de la ville, tous équipés
d'un casque de réalité virtuelle : une tour de 20 étages.

Immergé dans le projet de l'architecte, un élu remarque
immédiatement qu'il est inimaginable que la future
tour dépasse tel bâtiment voisin, symbolique de la ville.
Il peut illico changer la hauteur lui-même, voire ajouter des panneaux solaires sur le toit.
«C'est pareil en cours : le professeur n'est plus celui qui
délivre seul le savoir.» Ainsi, tous les campus d'Arts et
Métiers devraient disposer d'un centre de formation
immersif qui abriterait une immense banque de données 3D, un Meccano virtuel de tous les systèmes industriels existants. Ce jumeau numérique de l'industrie
4.0 serait mutualisé et cofinancé par les industriels et
les constructeurs de machines. Il serait aussi simple
d'accès que Netflix ! Les étudiants et les salariés pourraient venir apprendre à peindre ou à souder. Plus de
gâchis de consommables ni de matériaux, plus de
pollution. Et chacun apprendrait à son rythme, recommençant autant que nécessaire, sans peur d'être jugé.»
La preuve de l'efficacité de la réalité virtuelle est faite,
et les Arts et Métiers ont une belle carte à jouer : devenir pourvoyeur de formations pour l'industrie, en
formation initiale comme continue.
C. M.
(1)
(2)

Lire AMMag de mars 2016, p. 109.
Du 22 au 26 avril, https://www.laval-virtual.com/fr

Mars 2020 - Arts&MétiersMag - 75

https://www.linkedin.com/in/fr%C3%A9d%C3%A9ric-rey-76249813/ https://www.linkedin.com/in/simonrichir/ https://www.laval-virtual.com/fr

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