Arts&MétiersMag - N°417 - Avril 2020 - 34

Expertise

Gestion financière

Comment éviter les tr
Chaque année en France, de 50 000 à 60 000 entreprises mettent la clé sous
la porte (1). Les difficultés de trésorerie sont la principale cause de faillite, en
particulier des TPE-PME. Pour éviter ce type de dépôt de bilan, David Soussan
et Benjamin Blondeau, tous deux de la Li. 208, rappellent les fondamentaux
de la gestion de trésorerie.

Dangereux décalage temporel
On pressent qu'une société dont le carnet de commandes est plein - qui
réalise donc du chiffre d'affaires -, mais dont la rentabilité est faible se
retrouvera tôt ou tard dans une situation de trésorerie tendue. Il est impératif de suivre ses marges commerciales afin de prévenir ce risque, ce que
la plupart des sociétés font plus ou moins correctement.
Ce qu'on sent moins, car c'est contre-intuitif, c'est qu'une société qui
réalise des ventes, même avec de belles marges, pourra également se retrou-

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écurisation du niveau de l'activité, bonne visibilité sur l'exécution des opérations, lissage des effets de saisonnalité :
un carnet de commandes qui déborde est rassurant pour
un manageur ou un chef d'entreprise. À tel point que
nombre d'entre eux passent bien plus de temps à conclure
des ventes («closer», dans le jargon franglais) qu'à piloter
les opérations et à gérer leur entreprise. C'est pourtant risqué. Car le carnet de commandes cache une dure réalité : la gestion de la trésorerie.
La structure financière de la société est-elle suffisamment robuste pour
financer la croissance de l'activité ? C'est la question cruciale que doivent
se poser les manageurs en voyant leur carnet de commandes se remplir.
En effet, bien qu'intimement liés, chiffre d'affaires, résultat et trésorerie
sont trois concepts différents, qu'il convient de définir afin de prévenir
toute mauvaise surprise.
● Le chiffre d'affaires est un indicateur du volume d'activité. C'est la somme
du montant hors taxe des ventes de produits et services réalisés par l'entreprise avec des tiers au cours d'une période donnée. Le chiffre d'affaires est
donc la vision «a posteriori» du carnet de commandes.
● Le résultat est un indicateur de la rentabilité. C'est la différence entre
le chiffre d'affaires et les charges. Par charges, on entend : le coût de matières premières, du transport, du personnel et de la sous-traitance, les
loyers, les coûts administratifs, l'amortissement des machines, etc. Lorsque
le chiffre d'affaires est supérieur aux charges, on parle de bénéfice ; sinon,
de perte.
● La trésorerie est un indicateur de la santé financière. C'est l'ensemble
des liquidités disponibles pour l'entreprise. Elles doivent financer le cycle
opérationnel de la société, c'est-à-dire couvrir les dépenses courantes.
C'est le nerf de la guerre : sans trésorerie disponible, impossible de faire
tourner la boutique.

David Soussan (Li. 208) est
expert-comptable et commissaire
aux comptes. Également diplômé de
l'Essec, il intervient régulièrement
dans le cadre de missions d'audit
d'acquisition et d'évaluation de
jeunes entreprises à forte croissance
et de PME industrielles.

Benjamin Blondeau (Li. 208) est le
directeur financier de Tagpay, une
société de technologie financière
développant en marque blanche des
plateformes de systèmes bancaires
ouverts («open banking»). Également
diplômé de l'Essec, il a commencé
sa carrière dans le conseil, puis
dans la banque et intervient
régulièrement pour des séminaires
sur la banque de détail.

ver en difficulté de trésorerie. En effet, si la rentabilité est liée au cycle
achat-vente, la trésorerie, elle, est liée au cycle décaissement-encaissement.
Entre ces deux cycles, il existe un décalage temporel : celui que génèrent
les délais de paiement (voir le graphique ci-contre sur les étapes des décaissements et encaissements). Et pour assurer une bonne santé financière
aux opérations, ce décalage temporel doit être financé : c'est ce qu'on
appelle le besoin en fonds de roulement.
Prenons l'exemple d'une entreprise d'installation de panneaux photovoltaïques qui signe une belle commande avec un projet à 3 millions d'euros.
Il est prévu 30 % d'acompte (900 k€) et le solde à la livraison dans six mois.
Selon une étude du cabinet Altares analysée par «les Échos» en janvier 2019.

(1)

https://www.linkedin.com/in/david-soussan-80596020/ https://www.linkedin.com/in/benjamin-blondeau-cfa-48135917/ https://www.linkedin.com/in/david-soussan-80596020/ https://www.linkedin.com/in/benjamin-blondeau-cfa-48135917/

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