Arts&MétiersMag - N°419 - Juin/Juillet 2020 - 22

Dossier

Transport maritime

PHOTO ALFA LAVAL

Installation d'un système de purification
des gaz émis par les moteurs du navire.
Plébiscités par de nombreux armateurs,
les nettoyeurs de fumée se font plus
courants depuis l'entrée en vigueur de la
réglementation Low Sulphur.
>>> la consommation mondiale, NDLR] et 30 millions
de tonnes de gasoil [5 %].» L'expert voit en ce secteur «le
miroir de notre monde économique moderne». La
Conférence des nations unies sur le commerce et le
développement précise, elle, que, tous les ans, environ
96 000 navires assurent 90 % du transport mondial de
fret - soit environ 12 milliards de tonnes de
marchandises.

L'étude
de Rostock

Un lien sans équivoque entre
les gaz d'échappement des
cargos et plusieurs maladies
cardiovasculaires et
respiratoires a été établi par
l'université de Rostock et le
centre de recherches sur
l'environnement
Helmholzzentrum Munich.
Chaque année en Europe,
les émissions du transport
maritime causent près de
60 000 morts et coûtent
58 milliards d'euros aux
services de santé. Deux
polluants de l'air sont
particulièrement scrutés :
l'oxyde de soufre (SOx) et
l'oxyde d'azote (NOx), qui
accélèrent la formation
de particules fines et
ultra-fines.

Quelles solutions adopter pour gérer
cette rupture ?
«Les oxydes de soufre», témoigne Paul Régnacq
(Me. 210), ingénieur projet chez Mauric, cabinet d'architecture et d'ingénierie navale spécialiste des navires
professionnels (lire aussi p. 24), «sont la première étape
de la démarche de l'OMI. Les oxydes d'azote suivront,
puis les particules fines et le niveau global de dioxyde de
carbone. Conscients des enjeux, les armateurs sont
mobilisés. Lorsqu'ils nous consultent, la question de la
propulsion devient centrale - avant, les réponses étaient
plus simples ! En fonction des besoins et des cahiers des
charges, nous cherchons les meilleures solutions. Il faut
savoir qu'aucun bateau conçu de nos jours ne se
ressemble, la série n'existe pas !» Pour répondre à cette
rupture, les compagnies maritimes disposent de
plusieurs solutions, toutes imparfaites.
La première possibilité est de recourir au fioul marin à basse teneur en
soufre (0,1 %). Si la solution paraît la plus évidente, «elle représente un
surcoût par rapport au fioul lourd actuel», prévient-on chez Armateurs

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de France, l'organisation professionnelle des entreprises
françaises de transport et de services maritimes.
Une autre solution est d'aller moins vite ! «Contraindre
délibérément la vitesse des navires, poursuit l'organisation professionnelle, permet de réduire les émissions de
gaz à effet de serre. En réduisant la vitesse de 1 nœud,
les émissions de CO² diminueraient de 15 % à 20 % dans
le secteur du vrac. Portée depuis des années par Philippe
Louis-Dreyfus, président du conseil de surveillance de
Louis Dreyfus Armateurs, cette mesure est avant tout
préconisée pour les secteurs du vrac sec et du vrac liquide,
qui représentent 70 % de la flotte mondiale.» Pour sa
part, le ministère français en charge de l'Énergie rappelle
qu'«un pétrolier réduisant sa vitesse de 12 nœuds à 11
diminue sa consommation de 18 %. Et cela baisse de
30 % s'il la réduit à 10 nœuds !»

Nettoyeurs de fumée : des résultats mitigés
Dans l'arsenal mondial des solutions, les «scrubbers»,
systèmes de purification des gaz émis par le moteur, sont
plébiscités par de nombreux armateurs. Le nombre de
navires pourvus de ces nettoyeurs de fumée a augmenté
depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle norme mondiale.
Cette option, dont l'installation oscille entre 5 et
10 millions de dollars, permet de continuer à utiliser le
fuel lourd actuel mais en en neutralisant les gaz d'échappement à l'aide d'un fluide (solution aqueuse alcaline) qui absorbe les SOx
à 90 % selon certaines études. Les gaz d'échappement désulfurés sont
rejetés par la cheminée du navire. Ce procédé peut être à boucle ouverte

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