Arts&MétiersMag - N°419 - Juin/Juillet 2020 - 61

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Match de rugby entre
le FCTT, le club toulousain
où joue Eva Huchedé, et
l'équipe de Millau le
1er mars dernier.

PHOTO MARINE BOUGE

EVA HUCHEDÉ (BO. 211)
2005 Entente sportive de
Bruges-Blanquefort (Gironde).
2012 SCO Rugby Club Angers
(Maine-et-Loire).
2013 Rugby à VII, club de
Shanghai (Chine).
2015 Participe aux jeux
du Pacifique en Papouasie-
Nouvelle-Guinée (équipe
tahitienne).
2015 Cheffe de projet chez
Asquini (Nexteam Group), à
Marmande (Lot-et-Garonne).
2016 3e ligne aile et viceprésidente du TCMS (Toulouse
Cheminots Marengo Sports).
2017 Ingénieure pour le
développement et
l'industrialisation des
antennes satellites chez
Thales Alenia Space, à
Toulouse (Haute-Garonne).
2019 FCTT (Football club
TOAC TOEC), à Toulouse.

la nuit de dimanche à lundi. À 8 heures, j'étais en cours !» Arrivée à l'Ensam,
elle devient... vice-présidente du bureau des sports, bien sûr ! Et a deux
certitudes : elle veut travailler dans le militaire et connaître la Chine. Elle
prend d'ailleurs des cours du soir de chinois.
En 2012, direction Angers, campus qui prépare les doubles diplômes avec
la Chine. Elle rejoint un petit club de rugby à VII et c'est la révélation : «J'ai
découvert le plaisir de jouer pour le plaisir et celui de la troisième mi-temps !

Les liens sont importants au rugby.» En plus, ses coéquipières a- dmirent la
nouvelle recrue, joueuse de haut niveau- «Ça aide pour l'estime de soi !»
Un an plus tard, voici Shanghai. À l'université Jiao Tong, elle prépare un
master sur les matériaux, prend dix heures de cours supplémentaires de
chinois par semaine et... rejoint l'équipe locale de rugby à VII. «Là-bas,
le sport est plutôt réservé aux professionnels. La majorité des Chinois ne
voient pas trop l'intérêt de transpirer, ils préfèrent se défouler avec le
-tai---chi-chuan.»
En 2015, Eva Huchedé rejoint son père à Tahiti. «Retraité de l'armée, il y
était devenu maître d'ouvrage sur les chantiers civils. Il voulait que je devienne ingénieure dans le BTP. Moi pas !» Pour avoir la paix, elle effectue
son stage de fin d'études dans ce domaine pendant six mois. Ça tombe à
pic : en juillet ont lieu les XVe jeux du Pacifique(1), en Papouasie-NouvelleGuinée. «L'équipe tahitienne est presque la plus mauvaise dans laquelle
j'ai joué, on s'est fait battre par tout le monde - et par 0-69 en quatorze
minutes face aux Wallaroos australiennes. Mais quels souvenirs !»
Future arbitre ?
Les jours s'assombrissent, son père tombe gravement malade. Fin 2015,
rentrée en métropole, elle est embauchée, grâce au réseau des Gadzarts,
comme cheffe de projet chez Asquini MGP, qui fait de la mécanique de
précision pour l'aéronautique civile et militaire, à Marmande (Gironde).
Un an plus tard, elle rejoint une autre filiale de Nexteam Group à Toulouse
et un autre club, le TCMS, en fédérale 2(2) - «Je n'avais pas envie du Stade
toulousain ni de Blagnac, mais pas d'un trop petit niveau non plus !»
L'équipe monte en fédérale 1 et Eva Huchedé prend la vice-présidence du
club. «Mais ça faisait trop, entre le travail, l'entraînement, les responsabilités au club... et le squash !»
Un nouveau volet s'ouvre quand Thales l'embauche en 2017 et quand elle
rejoint le FCTT. «Je suis toujours accueillie chaleureusement dans les
clubs depuis que j'ai quitté le haut niveau. Je suis ravie d'avoir signé !»
Et maintenant ? «Je suis plus musclée qu'à 20 ans, mais j'ai mal tout le
temps. J'en ai un peu marre d'être blessée.»
Sera-t-elle arbitre un jour ? «Dans quelques années peut-être. J'ai toujours
la rage. Mais il est vrai que, plutôt qu'essayer de progresser encore, je
préfère à présent aider les copines !» Pour paraphraser Jean-Pierre Rives,
le rugby, c'est l'histoire d'un ballon avec des copines autour et, quand il
n'y aura plus de ballon, il restera les copines.
Claudine Moitié
Équivalent de jeux Olympiques régionaux du Pacifique insulaire.
Quatrième échelon des compétitions nationales de rugby à XV en France.

(1)
(2)

PHOTO MARINE BOUGE

Les postes du rugby à XV

L'équipe est composée de huit joueuses
à l'avant et sept à l'arrière. Les huit
avants (qui disputent la mêlée) sont
réparties en trois lignes : deux piliers
et une talonneuse en première ligne,
deux en deuxième ligne, deux en
troisième ligne aile et une troisième
ligne centre. «Les coachs mettent plutôt
des joueuses expérimentées en
première ligne, car les cervicales sont
très exposées», précise Eva Huchedé
(Bo. 211). Les sept arrières sont : les
demi de mêlée et d'ouverture, deux
trois-quarts au centre, deux trois-

quarts aux ailes et une arrière.
Joueuse polyvalente, la troisième ligne
aile, poste que tient à présent Eva
Huchedé, doit combiner vitesse de
course et puissance physique. Elle est
capable : en attaque, d'accélérer
lorsqu'elle porte le ballon ; en défense,
de plaquer tout type d'adversaire.
En 2019, pour la première fois, 24 Bleues
ont enfin bénéficié d'un statut semiprofessionnel pour le Tournoi des
Six Nations. Le XV de France mené par la
capitaine Gaëlle Hermet s'est classé
quatrième équipe nationale du monde.
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