Arts&MétiersMag - N°421 - Octobre 2020 - 62

CONFÉRENCES & DÉBATS CRISE
CERCLE
SANITAIRE
LA ROCHEFOUCAULD

COMMENT NOVARES A

AMORTI LE CHOC
PHOTO NOVARES

DE LA CRISE

La visioconférence «Sortir renforcé de la crise» a réuni des acteurs et témoins de la crise sanitaire :
Pierre Boulet (Ai. 178), PDG de Novares, et Stéphane Gorce (Ch. 180), associé d'Eurogroup
Consulting France, ont notamment expliqué l'importance du flux de trésorerie en période difficile.

'est un véritable bras de fer que Pierre Boulet
(Ai. 178), PDG de Novares, a livré à ses différents
interlocuteurs surpris par les besoins de trésorerie
de son groupe, plasturgiste majeur du secteur
automobile, pour obtenir les 115 millions d'euros
nécessaires au redémarrage de ses activités post-confinement.
Rappel des faits rapportés par le PDG lors de la visioconférence organisée le 9 juillet par le groupe professionnel
Ingénieurs et territoires, d'Arts et Métiers Alumni (1).

UNE CRISE VIOLENTE
Le groupe Novares conçoit et fabrique des systèmes et des
composants plastiques pour les constructeurs automobiles,
dans quarante-cinq usines localisées dans vingt-trois pays
où travaillent 12 000 collaborateurs. Ses produits équipent
aujourd'hui un véhicule sur trois dans le monde - notamment 88 % des véhicules chez PSA, 85 % chez Renault, 75 %
chez BMW, 66 % chez les Américains, etc.
Grâce à une nouvelle équipe de management et au nouvel
actionnaire Equistone, aux côtés de la BPI depuis 2016,
Novares s'est développé, notamment en Amérique du Nord
et en Chine, passant de 650 millions d'euros de chiffre
d'affaires à 1,3 milliard entre 2012 et 2019. L'essentiel de
cette croissance ayant été financé par de la dette, celle-ci

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N°421 / Octobre 2020

avait atteint environ 600 millions au début de l'année 2020.
Fin janvier, les problèmes s'aggravent énormément en Chine.
À Wuhan, l'usine ferme et six autres usines chinoises de
Novares sont mises au ralenti. À la mi-mars, la production
de la totalité des vingt-cinq usines européennes est stoppée.
Un plan de gestion de crise est alors mis en place dans les
pays où le groupe est implanté : demandes de prêts, décalages
de paiement, mises au chômage partiel ou total, etc. Le
système français se révèle être le plus complet du monde,
mais quelque peu difficile à mettre en œuvre. Fin mars, les
usines américaines et mexicaines ferment à leur tour, si bien
qu'à cette date, quarante des quarante-cinq usines de Novares
ont cessé de fonctionner.

L'INSOLUBLE ÉQUATION
L'arrêt de la facturation des clients tarit instantanément la
source des 4 millions d'euros de liquide par jour en provenance de la société d'affacturage, conduisant à un besoin
d'environ 115 millions de «cash» pour assurer un redémarrage des usines du groupe, prévu en mai.
Parallèlement, des discussions démarrent avec les banques
sur le prêt garanti par l'État (PGE). Celles-ci demandent un
apport financier des actionnaires, qui eux-mêmes veulent
que le PGE soit d'abord mis en place par les banques. Cette

Fin mars, sur les
45 usines que possède
Novares dans le
monde (ici, celle de
Sainte-Marguerite,
dans les Vosges),
40 étaient à l'arrêt. Fin
juin, la quasi-totalité a
pu redémarrer, mais
2 000 salariés ont déjà
été licenciés.

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