Arts&MétiersMag - N°421 - Octobre 2020 - 69

LES MANCHETTES DE LA PRESSE
Le lendemain matin, 28 mars, le quotidien libéral «le
Constitutionnel» lance un appel : «Tous les bons citoyens,
tous les chefs d'atelier et de manufacture, tous les artistes,
tous les ouvriers doivent accompagner les restes d'un de nos
grands citoyens.» L'édition du 29 précise l'heure, 10 heures,
et confirme que le convoi partira du 9, rue Royale-SaintHonoré pour aller à Notre-Dame-de-l'Assomption, Paris 1er,
à 300 m de là. «À peine, lit-on sous la plume de Gaëtan de

C'est dans cet
immeuble parisien,
9, rue Royale-SaintHonoré (renommée rue
Royale en 1830), que le
Duc s'éteint le mardi
27 mars 1827 à 16 h 15.

PHOTO DR

libéral comme son père sous la Restauration ; Gaëtan, comte
de La Rochefoucauld, 48 ans, sous-préfet durant l'Empire,
qui se rapproche des Bourbons à la Restauration, plutôt
libéral comme son père. Quatre petits-fils, tous comtes de
La Rochefoucauld, et deux maris des petites-filles se sont
déplacés : Franck (futur François XIV), 32 ans ; Olivier,
30 ans ; Frédéric, 25 ans, fils de François ; Jules, 31 ans, fils
d'Alexandre ; le prince Aldobrandini, 51 ans, époux d'Adèle,
fille d'Alexandre ; le comte de Montault, 23 ans, époux de
Fanny, fille de François. La duchesse douairière, Félicité,
82 ans, dont le Duc avait divorcé civilement en 1792, afin
de protéger ses biens lors de son exil, n'est mentionnée dans
aucun des comptes rendus de la journée. Comme c'était la
coutume, elle n'a vraisemblablement pas accompagné le
convoi funéraire, mais on peut penser qu'elle était présente
au domicile. Elle mourra trois ans plus tard. D'autres
membres de la famille sont présents (lire l'encadré ci-dessous). Représentant la famille du défunt, le duc de
Doudeauville, les comtes Alexandre et Gaëtan de
La Rochefoucauld joueront un rôle important lors des
événements à venir.

La Rochefoucauld(1), les anciens élèves de Châlons eurent
appris par les journaux la mort de mon père, qu'ils vinrent
à son hôtel demander la permission de lui présenter un
dernier hommage, en jetant religieusement de l'eau bénite
sur son corps. Cette demande n'ayant pas été prévue par la
famille, aucun ordre n'avait été prescrit. [Les Gadzarts] ne
purent lui donner cette marque de reconnaissance. Il était
naturel qu'ils cherchassent une autre manière de la prouver.»
La lettre d'invitation aux obsèques pour le vendredi 30 mars
à 9 heures en l'église Notre-Dame-de-l'Assomption, sa
paroisse(2), est signée de la duchesse, de leurs trois fils et
onze petits-enfants. 
Michel Mignot (Cl. 160)
(1)
(2)

Déclaration lors de l'instruction judiciaire consécutive aux désordres.
La Madeleine, proche, est en chantier. Elle ne rouvrira qu'en octobre 1845.

PHOTO DR

Le cercle autour du mourant

Le duc de Doudeauville, Ambroise-Polycarpe
de La Rochefoucauld.

Durant l'agonie du Duc, d'autres membres de la famille se recueillent
au 9, rue Royale-Saint-Honoré, à Paris 8e, dont trois pairs de France,
qui tiendront les coins du drap mortuaire durant les obsèques.
* Le duc de Doudeauville, 62 ans, est Ambroise-Polycarpe de
La Rochefoucauld, secrétaire d'État au département de la Maison du
roi, dont la sœur aînée, Anne, est mariée avec le frère cadet du Duc,
Armand de La Rochefoucauld. Ardent royaliste auprès de Charles X,
pair de France, c'est la plus prestigieuse autorité présente. Opposé
politiquement au Duc, mais proche en âge et en idées du fils aîné, il
fait partie des mêmes mouvements philanthropiques.
* Le duc d'Uzès, 70 ans, pair de France, ultra-royaliste, est un cousin
issu de germain du Duc.
* Le marquis Jean-Joseph Dessolles, 60 ans, est le beau-père du
comte Jules, petit-fils du Duc, général d'Empire, pair de France sous
la Restauration, président du Conseil. Partisan des libertés
publiques, il prend du recul avec le parti réactionnaire.
* François Raynouard, 66 ans, ancien secrétaire perpétuel de
l'Académie française, sera le quatrième homme à tenir le coin du
drap mortuaire.
* Zénaïde de Chapt de Rastignac, 29 ans, femme du futur
François XIV, petit-fils du Duc, est également présente. Avec son
mari, elle donnera naissance à la branche actuelle des ducs de
La Rochefoucauld et de La Roche-Guyon. M. M.

Sources
Arts et Métiers :

le chapitre «le
Scandale des
obsèques» du
«Livre d'or»,
version du
bicentenaire 1980,
synthèse des
excellents travaux
de recherche
parus dans
AMMag et signés
d'un historien de
la Soce, Jean
Primault (Ch. 131).

Archives :

nationales, APHP,
Institut de France,
familiales.

La presse : «le

Constitutionnel»,
«le Courrier
français», «le
Journal de Paris»,
«la Gazette de
France», «le
Journal du
commerce».

Les ouvrages
de : Gaëtan de

La Rochefoucauld,
André Guettier,
Ferdinand
Dreyfus,
Jean-Dominique
de
La Rochefoucauld,
Emmanuel Fureix
(«la France des
larmes 18101840») et
Jean-Charles
Daumy.

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