Arts&MétiersMag - N°423 - Décembre 2020/Janvier 2021 - 44

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DOSSIER LE DÉFI DE LA DÉCARBONATION

génération, le DMX, de captage au moyen d'amines avec un
solvant à très grande capacité cyclique pour décarboner du
gaz de hauts-fourneaux. L'établissement public développe
également un procédé novateur de captage du CO2 utilisant
la combustion en boucle chimique.
Le développement des mobilités et motorisations du futur
(électrique, hybride, connecté, hydrogène) fait également
partie des recherches. Par exemple, des travaux sont réalisés
sur des motorisations électriques à haut rendement, sur
l'exploitation de l'hydrogène dans un moteur à combustion
dédié et sur une application permettant de mesurer les
émissions de CO2 en conditions réelles.
«Ces axes de recherche et développement, conclut Sylvain
Koncina, se traduisent chaque année par le dépôt d'environ
180 brevets en France, dont la moitié porte sur les nouvelles
technologies de l'énergie.»

PHOTO DR

EN 2010, À LA FAVEUR DE LA LOI GRENELLE II,
l'Institut français du pétrole était renommé Institut français
du pétrole et des énergies nouvelles - Ifpen en abrégé. Ce
changement de nom annonçait l'élargissement du champ
de recherche et d'innovation de cet établissement public
national à caractère industriel et commercial. Le pétrole y
demeure un sujet important, mais l'ouverture aux nouvelles
technologies de l'énergie a eu lieu.
Sylvain Koncina (Me. 204), ingénieur brevets et responsable
de pôle à l'Ifpen, résume les axes scientifiques et techniques
sur lesquels s'investit son établissement afin d'abaisser les
gaz à effet de serre (GES) issus du pétrole et du gaz : «L'Ifpen
conduit de nombreux travaux dans les domaines de l'énergie, du transport et de l'environnement qui visent à abaisser
les émissions de GES. Sur les carburants, la pétrochimie et
le traitement du gaz, nos projets portent sur le développement de catalyseurs et de procédés plus respectueux de
l'environnement et consommant moins d'énergie.»

SYLVAIN KONCINA
(Me. 204), ingénieur
brevets et responsable
de pôle à l'Institut
français du pétrole et
des énergies nouvelles.

LA R&D AU CŒUR D'ENGIE

JEAN-CLAUDE
BENISTI (Ch. 181),
directeur en charge
des nouveaux usages
de l'énergie au sein du
Crigen, centre de
recherche d'Engie à
Stains.

PHOTO ENGIE

L'Ifpen se penche aussi sur la production de biocarburants
avancés, issus de paille et de déchets forestiers, qui
permettent de réduire les GES de plus de 85 % par rapport
aux carburants fossiles.
Le développement du captage-stockage du CO2 pour réduire
les émissions est un autre enjeu : «L'Ifpen travaille sur toute
la chaîne, poursuit Sylvain Koncina, depuis le procédé de
captage jusqu'à la surveillance des sites de stockage de CO2,
en passant par la technologie de stockage massif.» À titre
d'exemple, l'Ifpen et sa filiale Axens participent avec Total
et Arcelor-Mittal à la démonstration du procédé de seconde

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DU CAPTAGE AU STOCKAGE À L'IFPEN

L'unité de méthanisation à Liffré (Ille-et-Vilaine). Le gaz
naturel sera progressivement remplacé par du biométhane.

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N°423 / Décembre 2020-Janvier 2021

Engie se sent une fibre verte depuis de nombreuses années,
bien avant son désengagement du charbon à l'orée du
XXIe siècle. «L'énergie qui pollue le moins est celle qu'on ne
consomme pas» : son slogan de la fin des années 80 annonçait déjà la sensibilité environnementale de l'énergéticien.
Aujourd'hui, cette sensibilité a été inscrite comme raison
d'être dans les statuts du groupe, lors de son assemblée
générale du 14 mai dernier : «Agir pour accélérer la transition vers une économie neutre en carbone par des solutions
plus sobres en énergie et plus respectueuses de l'environnement.» À noter qu'Engie présente une volonté forte d'associer ses salariés et clients. Les actionnaires ont, semble-t-il,
compris que le troisième «p» de la formule «planet, people,
profit» ne pouvait être durablement qu'une résultante des
deux premiers.
L'objectif officiel, produire 58 % d'énergie décarbonée en
2030 (contre 28 % en 2019), a démarré par la cession des
actifs les plus émetteurs de GES, notamment les centrales à
charbon héritées du Britannique International Power.
Aujourd'hui, le plan se poursuit par la mise en œuvre de
centrales de production à base d'énergie renouvelable :
solaire photovoltaïque, éolien terrestre, biomasse, etc.
«Ces actifs fonctionnent avec des technologies mûres et déjà
compétitives», note Jean-Claude Benisti (Ch. 181), directeur
en charge des nouveaux usages de l'énergie au sein du Crigen,
le centre de recherche d'Engie situé à Stains (Seine-SaintDenis). Il précise que «la baisse des coûts ces dix dernières
années a atteint 48 % globalement dans l'éolien terrestre et
18 % en moyenne par an dans le photovoltaïque solaire».
Demain, cet élan continuera grâce aux promesses formulées
par les travaux en R&D.
Il reste toutefois des enjeux de recherche importants : le
pilotage décentralisé des réseaux de distribution d'énergie
et le stockage de l'énergie renouvelable focalisent une partie
de l'attention d'Engie en vue d'élargir le temps de disponibilité de l'énergie «verte», le plus souvent intermittente. Les
travaux portent aussi sur les biogaz. Selon le directeur en
https://www.linkedin.com/in/sylvain-koncina-0850b213a/ https://www.linkedin.com/in/jean-claude-benisti-035331154/
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